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La décoration végétale dans l'orfèvrerie - 2

Publié le : 28 Décembre 2012
Ce mois-ci, je vous propose de découvrir le mode de traitement de ces motifs qui évoluent tout au long du XIIIème siècle.
Petit rappel

 

 

   Le siècle qui nous préoccupe est celui du XIIIeme siècle. Dans mon sujet d'étude, il s'étend de 1180 à 1300. 1180 est un moment-clé et fait partie, selon moi de l'orfèvrerie du XIIIème siècle, dans la mesure où cet artisanat connaît un bouleversement à partir de cette date. C'est à cette période que de nouveaux genres apparaissent, cette transition est appelée "le Style 1200".

   Il en est de même pour la fin du siècle : une nouvelle fois, on est sur un chevauchement entre la fin des modèles de l'orfèvrerie du XIIIème siècle et les nouvelles conceptions du XIVème siècle.

 

   Tout au long du XIIIème siècle, nous rencontrons plusieurs types de motifs de végétaux : les feuilles de marronnier et de chataigner, les feuilles de lierre, les fleurs à cinq pétales, des glands, des feuilles de chênes et des végétaux dont les symboles se rapportent à la religion, telles la feuille de palmier et la fleur de lys.

 

Le traitement

 

   Le traitement de ces végétaux peut se diviser en deux grandes périodes. Celles-ci se basent sur des critères stylistiques qui sont à relier, dans la majeure partie des cas, à un contexte historique précis.

 

Je souhaiterais juste rappeler que je me focalise uniquement sur les décorations végétales ; ces motifs diffèrent des petites sculptures présentes au sein des objets. D'ailleurs, il est important de souligner qu'il n'existe pas qu'un seul style, et ce, pour la simple raison qu'il existe plusieurs ateliers d'orfèvrerie, je ne fais qu'émettre des hypothèses concernant les avancées stylitiques du foyer* parisien. En outre, le traitement varie également en fonction du type* d'objet.

*Un foyer est un ensemble d'ateliers qui répondent à des caractéristiques communes.

* Un type d'objet correspond à sa nature, c'est-à-dire, un calice, un reliquaire, une patène... il est étroitement lié à sa fonction.

 

Les années 1180 - 1260

    Au niveau des reliquaires, les motifs de végétaux servent essentiellement à mettre en valeur les éléments architecturaux. 

marronnier.jpg 

Châsse de Saint - Taurin, 1247 - 1255, Paris © C.D

Pourquoi un tel traitement ? La raison est à rechercher dans l'imbrication des différents artisanats. Au XIIIème siècle, la sculpture, l'architecture et l'orfèvrerie s'influencent ; ceci est particulièrement visible à travers ces représentations végétales.

 

Notre Dame de Paris, façade occidentale, XIIIème siècle © C.D

   Cette soumission au cadre se retrouve sur la majeure partie des édifices religieux en pierre mais aussi sur les petits édifices de métal. Il en est de même pour les voussures mais aussi les tympans et le faîte du toit.

 

   Sur les édifices en pierre, je n'ai pas constaté une standardisation des formes même si cela se pratiquait. Ce qui n'est pas le cas au sein de l'orfèvrerie. En effet, en analysant les reliures de cette période, j'ai pu remarquer que cette forme de travail se retrouvait au niveau des cadres entourant la scène principale. Ceci est particulièrement visible au sein du Premier Evangéliaire .

   Ceci est également vérifiable sur certains reliquaires, au niveau des socles. A partir de cette période, on peut ainsi affirmer qu'une certaine standardisation du travail est en vigueur dans les ateliers d'orfèvrerie parisiens.

  

Châsse de Saint - Taurin, Détail du socle, Evreux, 1247 - 1255 © C.D

 

   Durant cette première période, les motifs de végétaux perpétuent la tradition du XIIème siècle tout en introduisant de nouvelles techniques telles la standardisation de la production.

 

Comment peut-on reconnaître les décorations de cette première période ? Bien souvent ces éléments sont de dimensions imposantes et le traitement du métal est brut par rapport à la période suivante. De plus, l'épaisseur du métal est importante. La technique employée est souvent celle du repoussé combinée à celle de la ciselure.

 

Les années 1260 - 1290 / 1295

    La transition entre les deux périodes se fait, à mon avis, avec l'édification de la Sainte- Chapelle. Cet édifice permet de dévoiler le style de la cour qui commence à être très en vogue aussi bien au sein du territoire français qu'à l'extérieur de nos frontières. En effet, le style parisien tend à influencer les productions des autres foyers, notamment ceux de la Rhénanie, de la Meuse et de l'Angleterre.

   Cette diffusion se fait grâce aux visites royales mais aussi du fait du nouveau rôle de Paris. Bien que cette ville soit une capitale depuis des siècles, elle devient au XIIIème siècle, une capitale économique, politique et surtout religieuse. (Il ne faut pas oublier que Louis IX est Saint Louis, le roi pieux). Elle obtient un certain prestige également grâce à son université (beaucoup de récit stipule son rôle majeur dans le domaine universitaire mais aussi religieux, en atteste la création d'un nombre important d'édifice religieux au sein de la capitale).

   Du fait de l'arrivée des Saintes Reliques à Paris, la capitale devient un centre de diffusion : beaucoup de reliques furent offertes et bien souvent enchâssées, permettant ainsi la diffusion des modèles parisiens.

 

 

   Le foyer parisien est donc un des centres les plus importants de cette période.

 

La Sainte - Chapelle, façade occidentale, XIIIème siècle © C.D

 

Mais quel domaine influence l'autre ? En l'état actuel des recherches, la question n'est pas encore tranchée, mais il est fort probable que l'orfèvrerie ait pu influencer l'architecture et les autres domaines artistiques.

couronne 2.jpg 

Couronne de Saint-Louis, Paris, XIIIème siècle © C.D

 

   Les motifs de végétaux sont toujours soumis au cadre mais l'artisant rajoute une pointe de raffinement, emprunte du style de la cour.

 

Couronne de Saint-Louis, Paris, XIIIème siècle © C.D

 

Comment peut-on reconnaître des ornementations de cette période ? Le traitement des végétaux est plus délicat, les techniques utilisées sont plus riches dans la mesure où elles se cotoient dans l'objet. On retrouve toujours la technique du repoussée et de la ciselure, à cela s'ajoute la gravure. Le métal est manipulé avec davantage de délicatesse et fait important, son épaisseur est moindre. Enfin, les pierres utilisées sont souvent à cabochons pour le foyer parisien. 

 

Ce raffinement est également une des particularités de "l'art de la cour".  

 

   Aux environs de 1295, le motif végétal fait partie du XIVème siècle, parce qu'il se fait plus élancé et moins délicat que durant cette dernière période.  Ce motif est important puisque c'est grêce à lui que l'on peut voir les diverses modifications que l'orfèvrerie a pu subir au cours des siècles.

 

 

 

Malheureusement, je n'ai pu vous présenter qu'une infime partie de mes recherches concernant ce magnifique sujet... j'espère que cela vous a autant fasciné que moi. Je vous souhaite de très bonnes fêtes de fin d'année et vous dis à l'année prochaine....

 

Cécile Dufour

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Le 28 décembre 2012

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Cécile Dufour

Docteur en Histoire de l’art médiéval, ses travaux de recherche concernent l’orfèvrerie au service du culte et essentiellement les productions parisiennes de la fin du XIIème et du XIIIème siècle.

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