Aller au contenu. | Aller à la navigation

Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

Bonjour, notre site va bénéficier d’une refonte dans les prochains mois. L’activité de Narthex est actuellement réduite. Nous vous remercions de votre compréhension.

L'orfèvrerie et l'autel (2) : les vases sacrés

Publié le : 28 Février 2012
Les vases sacrés, destinés à recevoir le Corps et le Sang du Christ, ont un rôle capital dans la liturgie eucharistique. Au Moyen Âge, l'or et l'agent sont les matériaux privilégiés pour réaliser ces objets sacrés. Voyons de quelle manière ils étaient façonnés...
Quelques précisions :

texte 5.jpg

Calice et patène, Musée diocésain de Bremer, Allemagne, vers 1400 © Jürgen Howaldt
 

Parce qu'ils permettent d'accomplir matériellement les rites, les objets liturgiques ont un rôle très important. Mais, ils sont aussi une production artisanale à part entière. Ce mobilier liturgique particulier est forgé dans des ateliers d’orfèvres. Au XIIIème siècle, la production profane et sacrée se faisait dans le même atelier.

 

Le calice et la patène sont façonnés dans des matériaux nobles, en or ou en argent. Au XIIème et XIIIème siècle, seuls ces deux matériaux étaient autorisés car considérés comme les matériaux les plus précieux. Leur degré de pureté exigé était différent d’une ville à une autre. En effet, à Paris, la réglementation établie par Etienne Boileau fixe plus ou moins clairement le taux d’alliage entre l'or et les autres métaux afin de lui donner son degré de rigidité. Le prévôt précise, par ailleurs, que les objets devaient être frappés « à la Touche de Paris » et que l’or utilisé est le plus pur. En ce qui concerne l’argent, aucune technique particulière n'est précisée ; seule une indication nous apprend que l'argent le plus fin était celui provenant d’Angleterre.

 

La nécessité de travailler l’or « à la Touche de Paris » garantissait la bonne qualité du matériau. Cette technique de conception permettait également l’évaluation financière de la pièce travaillée. Enfin, afin d’assurer la loyauté du titre, Philippe le Hardi (1245 - 1285) imposa le poinçon sur chaque objet et ce, dans toutes les villes du royaume. Ceci est visible au sein du Reliquaire d’Henkenrode, œuvre parisienne datée de 1286. Malheureusement, cette obligation ne fut respectée qu'à partir du XIVème siècle.


Toutes ses obligations étaient vérifiées à l'issue de la fabrication par un contrôle qualificatif. Ces normes, concernant la ville de Paris, sont regroupées dans le Livre des métiers de la ville de Paris.

 

Le calice

  Le calice est un vase sacré contenant le vin. Il est destiné à l'Eucharistie

 

 .

Calice du sacre, fin du XIIème siècle, Palais du Tau, Trésor de la cathédrale de Reims.

Le calice se compose de trois éléments : la coupe, le pied et l'élément central se dénomme le noeud.

 

 

Premier élément : la coupe

Calice du sacre, fin du XIIème siècle, Palais du Tau, Trésor de la cathédrale de Reims.
 

 

Deuxième élément : le noeud 

 Calice du sacre, fin du XIIème siècle, Palais du Tau, Trésor de la cathédrale de Reims.
 

   

 

Dernier élément :  le pied

 

 Calice du sacre, fin du XIIème siècle, Palais du Tau, Trésor de la cathédrale de Reims.
 

 

Cette pièce est en or avec des pierres précieuses et des émaux incrustées. Elle correspond au style correspondant au XIIème et XIIIème siècle : utilisation de l'or, incrustations de pierres ou de perles et introduction éventuelle d'émaux. Ici, le style ne s'apparente pas à celui du style parisien mais davantage à celui de Rhénanie .

 

 

 

 

Calice du sacre, fin du XIIème siècle, Palais du Tau, Trésor de la cathédrale de Reims.

 Le filigrane est une technique souvent employée en orfèvrerie pour la décoration des pièces. Il s'agit de fines tiges de métal travaillées à chaud et fondues sur la surface de l'objet. Cette phase de décoration prend place après celle de la conception de l'objet. Le style rhénan apparaît ici à travers l'utilisation de petits amas de métal ponctuant les extrémités de ces filigranes. Un parallèle peut donc être établi avec les œuvres réalisées par Nicolas de Verdun par rapport aux filigranes, aux amas de métal et au style. Un article lui sera consacré ultérieurement.

 

 

 

 

 

 

Annos Schrein, Eglise de l'abbaye Michaelsberg, Nicolas de Verdun, 1183 © Beckstet

 

 

 

 

 

 

Bien que le calice soit constitué de trois éléments, sa conception se fait à partir de deux pièces de métal : une première réservée pour le pied et la patène et l’autre partie pour la coupe. La fonte du métal est réalisée au sein d’un creuset à une température bien précise. En effet, si la température est trop élevée, le métal peut présenter des imperfections et rendre le travail plus délicat. Une fois le métal liquéfié, le centre de la pièce façonnée ainsi obtenue est marqué d'un carré qui servira à emboiter le pied.

 

Ces méthodes de fabrication sont connues grâce au traité d'orfèvrerie rédigé par le moine Théophile. En le comparant avec celui de Cellini du XVIème siècle, on constate que les techniques ont très peu évolué, seuls les styles se modulent ou se modifient.

 

Bien que la forme du calice demeure, certains éléments varient comme la décoration ou le noeud. Celui-ci peut être un indicateur de provenance, d'influence ou de datation. 

 

Par exemple, ce pied ne peut nullement dater du XIIème ou du XIIIème siècle. En effet, l'introduction d'une imposante architecture en miniature à ce niveau ne correspond pas aux normes de l'époque. Ces éléments commencent à apparaître seulement au XIVème siècle.

 

 Calice gothique de Pedro Luna à Tortosa, artiste anonyme, XVème siècle.

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous avons donc pu voir ici que, du fait de son rôle important pour le culte, la conception du calice requiert une très grande attention de la part de l'orfèvre.

Pour lire la suite de l'article et l'étude sur la patène, n'hésitez pas à cliquer ici.

 

 

Cécile Dufour

--------------------

Le 28 février 2012
 

Mots-clés associés :
Ajouter un commentaire

Vous pouvez ajouter un commentaire en complétant le formulaire ci-dessous. Le format doit être plain text. Les commentaires sont modérés.

Question: 10 - 5 ?
Your answer:
Cécile Dufour

Docteur en Histoire de l’art médiéval, ses travaux de recherche concernent l’orfèvrerie au service du culte et essentiellement les productions parisiennes de la fin du XIIème et du XIIIème siècle.

Recherchez sur le site
Inscrivez-vous à la newsletter