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Quête de sens, foi et cinéma: des liens anciens en pleine expansion

Publié le : 28 Octobre 2015
Le goût de la réflexion sur le cinéma, qui s’était tue dans les années 80 avec l’abandon des ciné-clubs, connaît aujourd’hui un regain d’intérêt.

Les Français vont spontanément au cinéma par rapport à d’autres loisirs culturels comme le théâtre, le concert, les expositions. Ces Français qui fréquentent les salles ont majoritairement entre 15 et 35 ans… Pourquoi aiment-ils tant le cinéma ? Le cinéma est d’un accès très facile, moins cher que d’autres loisirs pour lesquels il faut réserver parfois longtemps à l’avance. On va au cinéma en groupe, sur une impulsion ; souvent, les jeunes se donnent rendez-vous devant un multiplexe sans savoir à l’avance quel film ils vont voir. De plus, la télévision l’a vulgarisé. La création de celle-ci a d’abord réduit le nombre d’entrées en salle de façon spectaculaire, sans pourtant supprimer l’émotion produite par la vision d’un film en salle, dans les meilleures conditions techniques possibles de projection. La télévision, ou la vidéo permettent de prolonger le plaisir du cinéma sans sortir de chez soi. Mais il ne faut pas perdre de vue que la petite taille de l’écran domestique, l’imperfection du son, la distraction que cause le décor familier peuvent altérer la vision du film.

 

Le cinéma Utopia de Bordeaux © D.R.

Le goût de la réflexion sur le cinéma, qui s’était tue dans les années 80 avec l’abandon des ciné-clubs connaît lui aussi un regain d’intérêt majeur. De nombreux ciné clubs cherchent à réconcilier le public en quête de sens avec le cinéma, en lui redonnant la parole. Aux Semaines chrétiennes du cinéma, par exemple, toutes les projections sont suivies d’un débat, pour parler des images qu’on vient de voir ensemble et évacuer l’émotion ressentie. La première étape, pour bien se comprendre, est de se mettre d’accord sur ce que l’on a vu avec l’aide d’un animateur. Celui-ci est là pour remettre en perspective la parole du spectateur et celle de l’auteur du film dans la mise en scène. Le choix du cadrage, la place de la caméra, la longueur des plans – bref, l’écriture cinématographique – déterminent de façon quasi invisible pour un œil non exercé le point de vue du ou des auteurs. L’ignorer revient à favoriser une lecture narcissique du film, purement subjective. Ces salles poursuivent l’enseignement d’André Bazin, du père Amédée Ayfre, tous deux morts trop jeunes, d’Henri Agel, le fondateur de l’enseignement du cinéma à l’université, de Jean Collet, du père Joseph Marty et de bien d’autres.

Grand Rex © D.R.

Le lien entre foi et cinéma est double, le cinéma est à la fois un acte individuel et collectif. Il est un espace essentiel à notre époque pour aller à la découverte de soi et des autres. Il permet une rencontre avec soi-même parce qu’il travaille directement dans l’inconscient ; le corps du spectateur est immobilisé dans le noir, fasciné par la lumière de l’écran,  il reçoit le film physiquement. Il ne peut en sortir qu’avec une parole personnelle qui s’interroge : qu’est-ce que les images ont déclenché en moi ? Le cinéma, c’est aussi regarder le monde à travers le regard d’un autre : comment puis-je me situer par rapport à cette vision qui m’est imposé ? Me laisse-t-il libre de réfléchir, de choisir mon propre point de vue ? A-t-il quelque chose à voir avec le regard de Dieu sur sa créature.

Si le cinéma a quelque chose à voir avec la foi c’est parce qu’il nous parle du prochain, qu’il se situe à hauteur d’homme et pas plus.

Si le cinéma a quelque chose à voir avec la foi c’est parce qu’il nous parle du prochain, qu’il se situe à hauteur d’homme et pas plus. Comment un réalisateur a-t-il utilisé sa caméra pour nous parler de l’homme et nous montrer le monde ?  Il en est de même dans tous les arts, mais le cinéma est celui qui donne l’illusion complète de la réalité. La foi peut rejoindre tout acte de création dans ce sens-là.  Il s’agit d’un acte gratuit, retrouver dans l’œuvre artistique ce qu’il y a de beau. Les jeunes qui sont les premiers exposés aux images sans toujours avoir la distance nécessaire ont besoin de retrouver le sens du vrai et du beau et qu’on les aide à savoir reconnaître cette beauté dans l’art.

 

Pierre Vaccaro

Auteur du webzine www.sacrecinema.com

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Pierre Vaccaro

Titulaire d’une maîtrise d’Histoire du cinéma à l’Université de Tours et d’un master en Communication au Celsa, Pierre Vaccaro a aussi étudié la théologie à l’Institut Catholique de Paris. Le cinéma représente pour lui une passion depuis de nombreuses années. Plusieurs travaux de recherches et de rédactions, notamment pour la revue 1895 de l’Association Française de Recherche sur l’Histoire du Cinéma, pour des sites de cinéma, ou encore pour Le Courrier Français via le groupe Bayard lui ont valu de collaborer pendant quelques années au Jury œcuménique au Festival de Cannes.

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