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Triptyque romain de Jean-Paul II : Une belle aventure musicale - Partie 3

Publié le : 30 Juin 2010
Du torrent... au pays du Mont Moriyya

De chaque côté du panneau central du Triptyque romain du pape Jean-Paul II, étudié dans l'article précédent, figurent deux volets qui ont pour titre : Torrent et Au pays du Mont Moriyya. La Musique du poème Étonnement, du compositeur Naji Hakim, est à l'écoute en extrait audio ici-même.
Naji Hakim est à l'orgue, Andrea Reuter au chant. L'enregistrement fut réalisé lors de la création du Triptyque romain, à Francfort, le 8 mai 2010.

 Deux poèmes au titre emblématique, hautement symbolique, composent la première partie, anlysée aujourd'hui : Etonnement et Source. Le poète se situe au cœur de la création et s’interroge sur son mystère.


« La forêt telle une lagune descend
Au rythme des torrents de montagne. »

 

Ces vers forment comme un refrain, un écho, ils débutent les deux poèmes et situent le décor : la forêt, lieu à la fois clair et obscur, au pénétrant mystère, et le torrent au rythme descendant.

 

« Le premier panneau du Triptyque romain du Pape Jean-Paul II reflète l’expérience de la création, de sa beauté, de son dynamisme. On y voit l’image des collines boisées, ainsi que, plus forte encore, l’image des eaux qui courent vers les vallées, de la « cascade argentée du torrent qui s’écoule, en un flot régulier, de la montagne. »


Ces propos qui débutent la Présentation du Triptyque romain par le Cardinal Ratzinger, montrent le lien fort, intrinsèque, qui existe entre la nature et Dieu. Ces deux entités sont les deux pôles de la Création : Dieu, le Créateur, crée la nature, une de ses plus belles créations. Même les incroyants ou les athées peuvent être fascinés par la beauté de la nature : l’infini de la mer aux flots changeants et variés, la majesté des cimes montagneuses, la fraîcheur d’un jardin fleuri au printemps, les chutes grandioses des torrents et des cascades au creux des forêts…

 

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(c) Droits réservés 

 

 

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(c) Droits réservés

 

Les deux pages initiales du manuscrit de Naji Hakim montrent une belle complémentarité entre la voix et l'orgue, sur le thème de l'eau : l'écriture mobile et scintillante de l'orgue, en doubles croches volubiles, suggère la temporalité fugace et changeante du torrent, de la cascade et de la source. Dans une parfaite complémentarité, la voix apporte la stabilité, l'équilibre, par une mélodie en valeurs longues (noires et blanches). Le temps mouvant de l'histoire humaine et le temps immobile de l'éternité divine se rencontrent, à travers la symbolique de l'eau. 

 

Au commencement de sa méditation, la poète se situe sur le seuil de sa relation à Dieu : le Tout-Puissant n’est pas encore nommé, il est évoqué indirectement à travers le torrent, la cascade, la source. Ces symboles aquatiques sont très riches de sens, ils parcourent les deux poèmes qui constituent le premier panneau du Triptyque romain.

 

Une citation de la Genèse ouvre le poème Etonnement : « L’Esprit de Dieu planait au-dessus des eaux » (Genèse 1, 2). A l’origine du monde, les eaux préexistent à l’humanité, comme l’esprit de Dieu qui plane à leur surface.

 

Le poète est étonné, il s’arrête sur le seuil : le seuil symbolise le premier homme, Adam, et son « étonnement » : la traduction du polonais révèle de subtiles nuances, car le mot zdumienie signifie un arrêt pour penser, réfléchir, méditer, dans la sérénité. Au contraire, le terme français étonnement est issu du latin extonare, terme populaire qui veut dire « frapper de la foudre ». Il connote la surprise suscitée par un événement inattendu, extraordinaire.

 

Dans le contexte, le poète étonné est donc l’orant qui médite, qui fait une pause pour mieux penser, pour accueillir la Parole, dans « le lieu de rencontre avec le Verbe éternel », lequel révèle le sens du passage de l’homme sur la terre. Sa solitude l’oppose au reste de l’humanité qui passe sans s’étonner, sans chercher le sens de la vie.

 

Dans le rythme du torrent se situe la quête de la source, c’est-à-dire du commencement : l’eau qui s’écoule est de passage, passive, mais l’homme est en acte, son passage remonte à une source qu’il doit apprendre à identifier. La source est cachée, l’homme a un effort à fournir pour la trouver, dans la lutte : il marche à contre-courant, contre le courant du torrent, pour découvrir le commencement, les origines, Dieu. Rien n’est jamais donné, ni jamais acquis : la vie est une lutte permanente, comme la quête de la source ou la recherche de Dieu.

 

Les symboles de la nature sont également présents dans le second poème : la forêt est l’écrin de la source, située au sommet du torrent au mouvement descendant. Cette quête se fait dans le silence, autre mot-clé de ce panneau. Elle est vivifiante, elle permet l’accès à la vérité, au Créateur.

 

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(c) Droits réservés

 

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Le début de Die Quelle (Source) est au même tempo que le premier lied, avec une écriture d'orgue de rythme semblable; puis l'entrée de la voix se fait sur un "récitatif" plus lent, accompagné par des accords pesants, pour illustrer la quête de la source, à contre-courant, dans une ascension laborieuse. 


Ce panneau éclaire et annonce le sens du panneau central du Triptyque : dans sa recherche de la source, le poète est un Voyant qui peut contempler Dieu –Créateur, premier Voyant.


Je vous parlerai de la musique du panneau central dans le prochain article : bonne lecture !

 

Le 30 juin 2010,

Pascale Guitton-Lanquest

 

N.B. : Extrait du fac-similé reproduit avec l’autorisation du compositeur, œuvre publiée par SCHOTT MUSIK INTERNATIONAL www.schott-music.com

 

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