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Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

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La dédicace d'une cathédrale

Publié le : 28 Septembre 2015
Le dimanche 20 septembre dernier a été célébrée la liturgie solennelle de la Dédicace de la nouvelle cathédrale déployée de Créteil. Construite sur le seul espace disponible, celui de l’ancienne cathédrale presque enfouie au milieu des hautes tours environnantes, Notre-Dame de Créteil élève vers le ciel son architecture contemporaine, présence visible au cœur de la cité.

Le graduel Locus iste pour la dédicace d’une église nous fait entrer dans ce qu’est, au-delà des apparences, une cathédrale pour les chrétiens :

Ce lieu a été créé par Dieu,
Un mystère inestimable,
Au-delà de tout reproche. 

En 1869, Anton BRUCNER (1824 – 1896) a composé sur ce texte un motet à l’occasion de la consécration d’une chapelle située dans la cathédrale de Linz, ville autrichienne où il avait été organiste.

L’envol mélodique jusqu’à la note la plus aigüe de l’œuvre (un SOL) sur les mots a Deo – par Dieu oriente la contemplation vers ce qui ne se voit pas : ce qui donne vie à ce lieu, ce ne sont pas les volumes, les vitraux, les matériaux, les formes ou les statues, mais l’assemblée des diocésains réunis autour de leur Evêque, signe à travers eux et au milieu d’eux de la Présence de ce Dieu qu’ils sont venus louer et supplier.

La méditation musicale sur irreprehensibilis – irréprochable approfondit ce mot en le répétant plusieurs fois dans une descente en imitations chromatiques aboutissant à un pianissimo presque inaudible, comme pour laisser s’enraciner au plus profond de l’auditeur cette réalité du mystère de la cathédrale.

La conclusion sur la reprise du mot a Deo, longuement étiré, éclaire ce texte d’une lumière certes discrète mais pénétrante.

L’architecture est l’art des volumes comme chacun sait, mais c’est d’abord, comme toute œuvre d’art, la trace d’un geste créateur. La cathédrale déployée de Créteil en est une image lumineuse. Les architectes se sont inspirés d’une image toute simple mais d’une extraordinaire richesse humaine et symbolique : deux mains jointes pour la prière comme nous les montre Albrecht Dürer :

Albrecht Dürer, mains jointes pour la prière, 1508

A l’image des paumes de ces deux mains, deux coques de 64 arcs en épicéa revêtues de bois de douglas, se rejoignent, mais elles ne ferment pas l’espace. Elles s’ouvrent en un grand arc-en-ciel qu’illuminent les vitraux de Udo Zembok.

Vue extérieure de la cathédrale de Créteil © credofunding.fr

C’est de l’extrémité des doigts que vient la lumière, comme un don reçu d’En-Haut pour éclairer tout l’espace et lui donner la vie : le geste orant devenu geste architectural est transfiguré en un geste de lumière.

Vue intérieure de la cathédrale de Créteil © lanouvellerepublique.fr

En 1960 Olivier MESSIAEN (1908 – 1992) composa son Verset pour la fête de la Dédicace. Cette pièce assez brève pour orgue est constituée d’une succession d’épisodes bien contrastés : une monodie (c’est-à-dire une simple mélodie sans accompagnement) à la manière d’un plain-chant liturgique transfiguré par le langage personnel du compositeur, des chants d’oiseaux (Messiaen s’est inspiré ici de la grive musicienne), un grand crescendo central comme une imploration, puis après la reprise de tous ces éléments, une conclusion apaisée dans une « douce vocalise d’extase ».

Ainsi Messiaen traduit-il en geste musical la vie de la cathédrale où respire la prière des chrétiens dans ses multiples fonctions : la louange, l’exubérance, la joie, la peine, la supplication, l’apaisement : vidéo ici. 

Emmanuel Bellanger

ETIENNEY Marie-Pierre, Créteil
ETIENNEY Marie-Pierre, Créteil a écrit :
11/10/2015 22:27

Architecture-Studio, les architectes concepteurs de ce superbe projet sont douze architectes associés, secondés par une cent cinquantaine d'architectes collaborateurs. Leur agence principale est à Paris.

sichler jean, santeny
sichler jean, santeny a écrit :
12/10/2015 11:09

Un lieu habité par l'esprit et que l'on croirait spécialement conçu pour la mise en valeur de la musique et le déploiement de l'orgue

Emmanuel Bellanger
Emmanuel Bellanger a écrit :
20/10/2015 17:10

En effet, de beaux projets se dessinent autour de cet orgue dans ce lieu : visites, concerts, rencontres...

Etienne JOUBERT
Etienne JOUBERT a écrit :
22/12/2015 15:30

Très belle salle de concert en effet !

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Emmanuel Bellanger

Après des études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et à l’Institut Grégorien, Emmanuel Bellanger a mené une carrière d’organiste comme titulaire de l’orgue de Saint Honoré d’Eylau à Paris, et d’enseignant à l’Institut Catholique de Paris : Institut de Musique Liturgique et Institut des Arts Sacrés (aujourd’hui ISTA) dont il fut successivement élu directeur. Ancien responsable du département de musique au SNPLS de la Conférence des évêques de France, il est actuellement directeur du comité de rédaction de Narthex. Il s’est toujours intéressé à la musique comme un lieu d’expérience sensible que chaque personne, qu’elle se considère comme musicienne ou non, est appelée à vivre.

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