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Claude Debussy : dernières notes...

Publié le : 30 Avril 2018
Le 25 mars 1918, c’est-à-dire il y a juste cent ans, disparaissait le compositeur Claude Debussy. Jusqu’à la fin, il aura poursuivi son travail créateur, alors que son corps était progressivement rongé par la maladie. Mais rien de cette sombre réalité ne transparaît dans ce qui restera sa dernière œuvre : la troisième sonate pour violon et piano.

Portrait de Claude Debussy en 1909 © Getty images

C’est à Arcachon en 1917 que Claude Debussy consacre ses dernières forces à la composition de cette ultime sonate : 1917 est une année difficile pour lui-même et pour la France dans une guerre qui n’en finit pas ; le compositeur lui-même se sait atteint par la maladie et pourtant, cette page respire la vie, la fantaisie, l’invention toujours renouvelée, la passion. Voilà un magnifique exemple du mystère quasi miraculeux de l’acte créateur chez un artiste : c’est la musique seule qui l’a tenu jusqu’à la fin.

Nous savons que Debussy nourrissait une admiration totale pour Jean-Sébastien Bach : rencontre inédite et surprenante de deux personnalités musicales qui n’ont apparemment rien de commun, ni dans l’esthétique ni dans la conception de la vie. Et pourtant…

Il ne faut pas s’arrêter aux provocations  qu’aimait Debussy lorsqu’il écrivait par exemple : « Ne corrigez jamais les sonates pour violon et piano de J.S. Bach un dimanche où il pleut ! Je viens de terminer la révision des susnommées et c’est la pluie intérieure. » Il venait de relire les épreuves de l’édition Durand.

Dans le fameux recueil de ses écrits divers – critiques de concerts, présentations et analyses d’œuvres, déclarations à des journaux – intitulé « Monsieur Croche », Debussy livre plus sérieusement sa passion pour le vieux Cantor :

« Dans la musique de Bach, ce n’est pas le caractère de la mélodie qui émeut, c’est sa courbe […] Qu’on n’aille pas croire à quelque chose de hors nature ou d’artificiel. C’est au contraire infiniment plus ‘’vrai’’ que les pauvres petits cris humains qu’essaye de vagir le Drame lyrique. Surtout la musique y garde sa noblesse, elle ne condescend jamais à s’adapter à ces besoins de sensiblerie qu’affectent les gens dont on dit qu’ils ‘’aiment tant la musique’’. »

Ecoutons l’adagio de la sonate BWV 1014 de Bach :

On peut comprendre en quoi le violon de Bach fut un modèle pour Debussy : la souplesse de la ligne mélodique, sa ‘’courbe’’, la variété des sonorités, le dialogue intime entre le piano et le violon, l’invention permanente d’une musique qui se trouve au fur et à mesure qu’elle se cherche dans une réelle liberté pourtant maîtrisée par une pensée créatrice rigoureuse. C’est tout cela qui permet à l’auditeur de découvrir des mondes sonores variés où alternent des moments passionnés  et apaisés.

C’est en tenant la partie de piano que Debussy apparut pour la dernière fois en public le 5 mai 1917, le violoniste étant le jeune Gaston Poulet qui devint un grand nom de son instrument.

Je vous propose une impressionnante interprétation du violoniste russe David Oistrakh, prise en 1972.

 

Emmanuel Bellanger

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Emmanuel Bellanger

Après des études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et à l’Institut Grégorien, Emmanuel Bellanger a mené une carrière d’organiste comme titulaire de l’orgue de Saint Honoré d’Eylau à Paris, et d’enseignant à l’Institut Catholique de Paris : Institut de Musique Liturgique et Institut des Arts Sacrés (aujourd’hui ISTA) dont il fut successivement élu directeur. Ancien responsable du département de musique au SNPLS de la Conférence des évêques de France, il est actuellement directeur du comité de rédaction de Narthex. Il s’est toujours intéressé à la musique comme un lieu d’expérience sensible que chaque personne, qu’elle se considère comme musicienne ou non, est appelée à vivre.

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