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Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

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« ÊTRE HUMAIN ET LE SAVOIR ENSEMBLE » - VIe Biennale de Melle

Publié le : 17 Juillet 2013
Tous les deux ans depuis dix ans, l'art contemporain s'intègre dans la petite ville de Melle. Une trentaine d'artistes investissent les lieux le temps d'un été. Christine Blanchet nous parle de cet évènement.

A l’heure des Biennales, il y a en une qui se fait plus discrète, tout au moins pour le moment, c’est celle de Melle, petite ville de près de quatre mille habitants située au cœur du Poitou-Charentes.  Depuis dix ans, sous la houlette de sa très active directrice artistique Dominique Truco, Melle vit tous les deux ans au rythme de l’art contemporain en accueillant près d’une trentaine d’artistes qui investissent à la fois les espaces publics et privés.
En épluchant les archives de la Biennale, une évidence s’impose, Melle est devenu un rendez-vous incontournable de l’art contemporain car la liste des artistes exposés, transgénérationnelle et internationale, est déjà impressionnante : Christian Boltanski, Claude Lévêque, Gary Hill, Philippe Cognée, Erwin Würm, Yan Pei Ming, etc., et celle de 2013 l’est tout autant : Bill Viola, Sigalit Landau, Christian Jaccard, Jacques Villeglé, Felice Varini, etc.

 

Motoi Yamamoto, Floating Garden, 2013, sel, Église Saint-Savinien de Melle, création Biennale de Melle 2013 / photo Marc Deneyer

La particularité de cette manifestation est la convivialité dans laquelle sont accueillies et exposées les œuvres. A Melle, l’art est au cœur de la vie et de la ville, donné à tous. Un leitmotiv martelé depuis sa création et qui tient à nouveau sa promesse dans cette édition. Ici et là, sont provoquées des rencontres avec des œuvres suspendues dans l’espace urbain, abritées dans différents lieux ou encore à découvrir chez les commerçants. Une déambulation hors du circuit traditionnel d’exposition qui suscite la curiosité par ce dialogue inédit entre l’art d’aujourd’hui et le patrimoine mellois. Certaines interventions in situ sont devenues pérennes comme le fameux jardin d’orties de Gilles Clément qui depuis 2007 s’inscrit si fortement dans le paysage.

 

Eric Winarto,
Blacklight Selva, 2013
acrylique sur mur, lumière noire, 320 x 530 cm, Hôtel de Ménoc, Melle, création Biennale de Melle 2013 © Eric Winarto
 

Pour l’édition 2013, trente deux artistes ont été réunis sous le thème soufflé par Gilles Clément Etre humain et le savoir ensemble dont les œuvres, pour citer Dominique Truco, « exaltent les valeurs profondes et poétiques de l’existence humaine ». Ainsi, dans son film « C’est quoi le Bonheur ? », Loïk Coriou avec la complicité d’Edgard Morin, se met-il en quête du bonheur. Un état de grâce que nous éprouvons devant le tableau fluorescent d’Eric Winarto, réalisé en blanc sur blanc et visible seulement à la lumière noire. Intitulé Blacklight Selva, ce paysage d’ombre et de lumière nous absorbe dans une profonde méditation. Dans l’église Saint-Savinien, bijou de l’architecture romane, et à quelques mètres plus loin dans l’intimité du pigeonnier, Christian Jaccard, toujours animé par le feu sacré, réalise deux monumentaux Tableaux éphémères rythmés par les centaines d’empreintes de brûlis. Toujours dans l’église Saint-Savinien, où l’on admire aussi les vitraux de Rémy Hysbergue parfaitement intégrés à l’édifice historique (et qui feront prochainement l’objet d’un article dans Narthex), un véritable émerveillement nous saisit avec le jardin flottant du japonais Motoi Yamamoto, dessiné au sol avec son matériau de prédilection, le sel. Dans notre promenade égrenée par ces moments poétiques, il y a aussi à faire face à la réalité sociale tels les portraits des mineurs serbes pris en 2000 par Igor Grubic lors de leur résistance au régime de Milosevic. Etre humain, c’est aussi lutter.

 

Igor Grubic
Angels with dirty faces, 2013, portrait de mineurs serbes de Kolubara en grève en l’an 2000 résistant au régime de Milosevic, photographie sérigraphiée, 166 x 250cm. Création Biennale de Melle 2013 © Igor Grubic

 

Puis en poussant la porte des commerçants, ce sont les dessins de Marie Tijou qui nous transportent dans son univers empreint d’un certain onirisme. Felice Varini, quant à lui, nous porte « entre ciel et Melle » avec ses neufs cercles inscrits sur les façades des maisons du quartier Saint-Hilaire (à pousser aussi le portail de l’église Saint-Hilaire, autre monument exceptionnel de l’art roman pour voir la commande publique de l’autel conçu par Mathieu Lehanneur – lire à ce sujet l’article d’Inge Gaillard-Linde). Et, bien sûr il y a toutes ces autres propositions toutes aussi cohérentes … et qui nous font rêver à la possibilité d’un autre monde dans cette actualité marquée par les révoltes citoyennes.

 

Loïck Coriou
C'est Quoi Le Bonheur ? 26’, 2013, film avec la complicité d’Edgar Morin. Prod. Viewniverse Studio. Création Biennale de Melle 2013

 

Christine Blanchet

17 Juillet 2013

 

Les artistes : Guillaume Bruère, Gilles Clément & Gilles A. Tiberghien, Pascal Colrat, Loïck Coriou avec la complicité d’Edgar Morin, Antoine Emaz, Igor Grubic, Fanny Guérineau, Alfredo Jaar, Christian Jaccard, Nicolas Kozakis & Raoul Vaneigem & Eugène Savitzkaya, Cristina Lucas, Suzanne Lafont, Sigalit Landau, Christian Lapie, Fergus Martin & Anthony Hobbs, Chiara Mulas, Laurent Pernot, Serge Pey, Marie Tijou, Muriel Toulemonde, Felice Varini, Jacques Villeglé & Jean-Pierre Bobillot & René Ghil, Bill Viola, Eric Winarto, Motoi Yamamoto.

VIe Biennale internationale d’art contemporain de Melle
Du 22 juin au 29 septembre 2013
Tous les jours, de 11h à 13 h et de 15h à 19h, sauf lundi
Entrée libre


Informations :

Site de la Biennale :   www.2013.biennale-melle.fr

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Paul-Louis Rinuy

Paul-Louis Rinuy, professeur des universités et directeur du département d’Arts plastiques de l'Université Paris 8, est également Président du Comité artistique de Narthex.

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