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Vision 3ème du Livre II du Scivias d’Hildegard von Bingen : l’Eglise et l’eau baptismale

Publié le : 1er Décembre 2016
La troisième vision du Livre II montre que le salut apporté à tout homme par le Christ-Sauveur s’opère, à l’intérieur de l’Eglise, par le Baptême. L’Eglise est symbolisée par « une femme d’une taille aussi grande que celle d’une cité (…). Elle représente l’Epouse de (mon) Fils qui, sans cesse, engendre des fils par la régénération de l’Esprit et de l’eau ».

Meister des Hildegardis Codex 004 Enluminure 1165

« Après cela, je vis comme une image de femme, de proportions immenses, à l'instar d'une grande cité, elle avait la tête couronnée d'un merveilleux diadème, et ses bras étaient entourés de bracelets, splendeur rayonnant du ciel sur la terre.   (Son ventre) sa poitrine était comme un filet percé de nombreuses cavités à travers lesquelles une grande multitude d'hommes entraient. Elle n'avait ni jambes ni pieds, mais seulement se tenait sur son ventre, en face l'autel qui est devant le regard de Dieu, en l'embrassant de ses mains étendues. Elle plongeait ses yeux pénétrants dans le ciel immense.

Et je ne pouvais distinguer ses vêtements, si ce n'est que toute rayonnante de clarté lumineuse, elle était environnée d'une grande splendeur. Sur sa poitrine était comme une aurore empourprée, d'où j'entendis, dans une merveilleuse harmonie chanter ce cantique, comme sortant du sein de la splendide aurore. Et cette image répandit sa splendeur comme un vêtement, en disant : Il m'importe de concevoir et d'enfanter. Et bientôt accourut à elle, avec la rapidité de l'éclair, une multitude d'anges, dressant en elle des degrés et des sièges pour les hommes, par qui l'image devait être complétée. »

Les quatre vignettes, qui forment cette miniature, se lisent de gauche à droite, et de haut en bas. Hildegard présente d’abord sa vision, puis la commente.

Ainsi la première vignette nous montre une femme couronnée, lumineuse d’or, au sommet d’une tour crénelée, investie par des anges musiciens : « Mais, que cette image étende sa splendeur comme un vêtement, en disant qu'il importe qu'elle conçoive et enfante : cela signifie que dans l'église se répand le dogme de la vraie Trinité, parce que son voile s'étend pour la protection des peuples fidèles, à travers lesquels elle s'élève pour l'édification des pierres vivantes, blanchies dans la fontaine du bain très pur, comme il est nécessaire qu'elle le confesse pour le salut, afin qu'elle conçoive des fils par la bonne parole, et qu'elle les enfante dans l'ablution, par la régénération de l'esprit et de l'eau. C'est pourquoi avec la rapidité de l'éclair, la multitude des anges, se précipite vers elle, établissant des sièges et des degrés en elle, pour les hommes par lesquels cette même image doit être achevée, parce que, à tout homme croyant, se manifeste le ministère redoutable.et aimable des esprits bienheureux, qui préparent à ces fidèles l'ascension, par la foi et l'espérance, dans le souverain repos, par lesquelles marques on reconnait que la bienheureuse mère l'Église doit arriver à sa suprême perfection. »

La deuxième vignette nous montre que l’image de la mère Eglise, guidée par l’Esprit du Christ enseignant, n’est pas encore arrivée à son plein achèvement. Cette vision est rendue par un portrait en buste : « Mais elle se tenait seulement sur son ventre, en face l'autel qui est devant les yeux de Dieu, et l'embrassait de ses mains étendues parce qu'elle est toujours enceinte et dans l'enfantement, par la véritable ablution, et telle offre ses enfants très dévotement à Dieu, par les prières très pures des saints. »

La troisième vignette est divisée en deux parties qui représentent le choix laissé à l’homme entre deux voies, ce que Baudelaire nomme « les deux postulations simultanées, l’une vers Dieu, l’autre vers Satan » : « Considère donc comment tu es instruit, afin de reconnaître le père que tu as confessé. Je t'ai reçu et tu m'as confessé. Maintenant donc regarde ces deux sentiers, l'un vers l'orient, l'autre vers l'aquilon. Si donc tu me regardes diligemment de tes yeux intérieurs, comme tu l'as appris par la foi, je te recevrai dans mon royaume. Et si tu m'aimes parfaitement, je ferai tout ce que tu demanderas. Mais si tu me méprises, en t'éloignant de moi, et me laissant en arrière sans vouloir me connaître ni me comprendre, toi qui es plongé dans le péché, en revenant à moi par une pénitence sincère ; si tu as recours à Satan comme s'il était ton père : alors tu tomberas dans la perdition, parce que tu seras jugé selon tes œuvres ; car lorsque je t'ai donné le bien, tu n'as pas voulu me connaître. »

La quatrième vignette pourrait prêter à des erreurs d’interprétation si le sens spirituel des images n’était pas saisi : « Mais ensuite, tu vois des enfants noirs se trouvant, près de terre dans l'air, comme les poissons dans l'eau, pénétrant dans le ventre de l'image, à travers les mailles (du filet) par lesquelles elle est ouverte à ceux qui veulent rentrer : ce qui signifie la noirceur des hommes insensés, qui ne sont pas encore lavés dans le bain du salut ; mais qui, aimant les choses terrestres et les recherchant en toutes choses, pour faire leur demeure dans leur instabilité, parviennent enfin à la mère de sainteté. »

« Mais que son ventre soit comme un vaste filet, ayant de nombreuses mailles par lesquelles pénètre la multitude nombreuse des hommes : cela signifie la maternelle bonté de l'Eglise qui se manifeste dans la capture des âmes fidèles, par l'élévation des vertus, au moyen desquelles les peuples croyants s'entretiennent dévotement dans la vraie foi. Mais celui qui jette son filet pour la capture des poissons, est mon Fils, l'époux de l'Eglise bien-aimée qu'il a épousée dans son sang, pour réparer la chute de l'homme perdu. »

L’image du filet qui strie le ventre de la Mère-Eglise est celle des pêcheurs du lac de Galilée, de Saint Pierre devenu « pêcheur d’hommes ». Dans les mailles du filet surgissent des têtes d’enfants noirs qui vont ressurgir, lavés par la parole divine et l’eau baptismale, de la bouche de la Mère-Eglise. La symbolique du noir est ici strictement spirituelle.

Cette miniature aux dessins complexes développe une cohérence interne autour de la Maternité spirituelle de la Mère-Eglise, d’un incessant enfantement de fils spirituels dans l’eau baptismale. L’image mystique de l’Epouse est celle du Cantique des Cantiques. Ainsi, « celui qui voit de ses yeux ouverts, et écoute de ses oreilles attentives, fait ses délices de ces paroles mystiques, qui émanent de moi qui suis la Vie. »

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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