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Vision 1ère Livre II du Scivias d’Hildegard von Bingen, le Rédempteur (der Löser)

Publié le : 3 Novembre 2016
Le premier Livre du Scivias portait sur les thèmes de la création et de la chute, en six visions. Le second Livre évoque, en sept visions, le salut par le Christ Rédempteur, l’Eglise et les Sacrements. Il semble que la miniature illustrant la vision première du Livre II soit la synthèse de tous ces thèmes. Création, Chute, devenir de l’homme et Rédemption sont ici rassemblés en une seule image.

Dans la partie supérieure, on aperçoit un cercle de feu rayonnant, qui porte en lui un cercle de lumière bleu ciel. Ce cercle symbolise la toute-puissance et la vie divines. Une sphère inférieure, plus sombre et aérienne en dépend, remplie de toute la création de Dieu, représentée par six médaillons qui l’occupent. Dans une lecture horizontale, on peut voir :

1. La séparation de la lumière et des ténèbres dans le monde angélique
2. La création de l’eau sous le firmament
3. La terre avec ses plantes
4. Le soleil, la lune et les étoiles
5. Les animaux aériens et aquatiques
6. Les animaux à quatre pattes

Vision 1ère du Livre II du Scivias, le Rédempteur

Le cercle rayonnant représente le Verbe de Dieu qui exerce sa volonté au ciel et sur terre. A côté de la sphère plus sombre, se tient un homme accroupi et nu, qui se réchauffe à cette flamme rayonnante. Il est appelé à la vie. L’homme, placé dans la moitié supérieure droite de l’image, sent une fleur : « Ce feu lucide, par cette même flamme brûlant ardemment sous un souffle léger, donna à l'homme lui-même une fleur très blanche, suspendue à la flamme comme la rosée à la plante, dont l'homme apprécia l'odeur de ses narines, sans la goûter de ses lèvres, ni daigner l'effleurer de ses mains, se détournant ainsi pour tomber dans les ténèbres épaisses dont il ne put se relever. Mais ces ténèbres dans cet air augmentèrent, en s'étendant de plus en plus. »

Cet homme, qui représente Adam, archétype de l’humanité pécheresse, implore alors Dieu de le sortir des ténèbres et de la mort, ce qu’il ne peut faire avec ses propres forces.

Le milieu de la miniature montre l’œuvre de Dieu, qui sort des ténèbres et s’élargit en une large bande. Dans cette obscurité se trouve une myriade de petites et de grandes étoiles. Elles symbolisent les patriarches et les prophètes que Dieu a envoyés pour éclairer notre nuit. Trois grandes étoiles représentent Abraham, Isaac et Jacob, les patriarches. Les petites étoiles sont les prophètes. L’étoile géante, placée sous les fleurs dans le champ obscur, c’est Jean-Baptiste qui annonce la venue du Fils de Dieu :

« Mais que trois grandes étoiles égales par leur splendeur apparurent dans ces ténèbres, suivies d'un grand nombre d'autres grandes ou petites, brillantes d'un grand éclat : ce sont sous la figure de la suprême Trinité, les grands luminaires, à savoir : Abraham, Isaac et Jacob se complétant mutuellement, et repoussant les ténèbres du monde par leurs prédictions ; ainsi que d'autres nombreux prophètes, grands et petits, illustrés par la grandeur et la beauté de leurs miracles. Mais ensuite une très grande étoile apparut, resplendissant d'une merveilleuse clarté, et dirigeant ses rayons vers ladite flamme : c'est Jean-Baptiste le premier des prophètes, illustre parmi les illustres par la fidélité et la beauté de son œuvre et par ses merveilles, annonçant le Verbe véritable, le Fils de Dieu. »

De Marie (qui n’est pas représentée ici) vient le Sauveur, qui combat et chasse les ténèbres par sa toute-puissance. Le Verbe de Dieu a, par sa mort sur la croix, sauvé l’humanité et l’a libérée de la mort. C’est la vision du Fils de l’homme rayonnant, dans la partie inférieure, qui surgit avec l’aube, s’incarne « dans l’aurore de la bienheureuse virginité » :

« Et je vis, de cette même lueur d'aurore, sortir une forme humaine splendide, qui répandit sa clarté vers lesdites ténèbres, et fut reflétée par elles ; et, changée en pourpre de sang et en blancheur d'aube, pénétra les ténèbres d'une vertu si grande, que cet homme qui gisait en elles, apparaissant par la vertu de cette attraction, resplendit, et qu'ainsi redressé, il s'éleva. Et ainsi l'homme splendide, qui sortit de l'aurore, apparaissant dans une telle clarté que la langue humaine ne peut l'exprimer, monta vers une si haute gloire, qu'il rayonnait magnifiquement dans la plénitude de l'abondance et de la joie. »

« Que celui qui voit avec des yeux vigilants, et qui entend de ses oreilles attentives, embrasse avec amour le sens de ces paroles mystiques, émanant de Moi qui suis la vie. »

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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