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Seconde Semaine des Exercices Spirituels d’Ignace de Loyola

Publié le : 12 Mars 2015
La Première Semaine des Exercices Spirituels d’Ignace de Loyola est une prise de conscience de l’expérience à la fois du péché et de la Rédemption. C’est la condition préalable pour aborder la Seconde Semaine, qui est un appel à contempler la vie du Christ pour se mettre à sa suite et une réponse à cet appel. La semaine se clôt, d’ailleurs, par un temps d’ « élection » qui invite à faire un choix important de vie.

La Seconde Semaine commence par une rubrique intitulée « Considération » qui développe  une longue métaphore comparant Notre-Seigneur Jésus-Christ à un roi terrestre : « De l’appel d’un roi temporel pour aider à contempler la vie du Roi éternel ». On voit d’abord comment les princes et les peuples chrétiens ont respect et obéissance pour un roi décidé à conquérir tout le pays des infidèles. Refuser cette offre serait le fait de sujets méprisables et lâches. Certes la métaphore est marquée par l’histoire du temps, mais elle vise à montrer que, si un sujet est prêt à servir son roi, l’offrande de soi au Roi Eternel sera d’autant plus généreuse. L’élan mystique d’Ignace de Loyola  envahit ce texte si structuré et la déclaration solennelle de don de soi au Roi  devient prière :

« Roi éternel et souverain Seigneur de toutes choses, je viens vous présenter mon offrande: aidé du secours de votre grâce, en présence de votre infinie bonté, sous les yeux de votre glorieuse Mère et de tous les Saints et Saintes de la cour céleste, je proteste que je désire, que je veux, et que c'est de ma part une détermination arrêtée, pourvu que tels soient votre plus grand service et votre plus grande gloire, vous imiter en supportant les injures, les opprobres, la pauvreté d'esprit et de coeur, et même la pauvreté réelle, si votre très sainte Majesté veut me choisir et m'admettre à cet état de vie » (97-98).

Juan VALDES LEAL, Saint Ignace de Loyola à Manrèse, Séville, Musée des Beaux-Arts.

Ensuite chaque journée de cette seconde semaine est marquée par plusieurs contemplations sur des aspects de la vie de Jésus-Christ. Le premier jour est composé de cinq contemplations : l’Incarnation et la Nativité (contemplation 1 et 2), puis de la répétition de ces deux exercices (contemplation 3 et 4), avant d’appliquer, dans la 5e contemplation, les cinq sens de l’imagination aux contemplations 1 et 2. Cette structure enchâssée et répétitive vise à une appropriation personnelle de la méditation pour en tirer un profit spirituel. Ainsi, il convient d’ « insister sur quelques passages principaux, dans la méditation desquels on aura reçu plus de lumières, senti plus de consolation ou de désolation intérieure ». C’est pourquoi, on gardera toujours la même méthode, changeant la matière et  conservant la forme : trois préludes, trois points et un « colloque ».

Prenons l’exemple de la première contemplation, celle de l’Incarnation. Dans un premier prélude, on se rappelle d’abord « l’histoire du mystère » que l’on veut contempler : « Ici, je me rappellerai comment les trois Personnes divines, contemplant la surface de la terre couverte d'hommes, et voyant que tous se précipitent en enfer, décrètent, dans leur éternité, que la seconde Personne de l'auguste Trinité se fasse homme pour sauver le genre humain; et comment ce mystère s'accomplit, lorsque dans la plénitude des temps l'Archange Gabriel fut envoyé à Marie » (102). Dans le second prélude, on recourt à « la composition de lieu » : « Ici, je me représenterai l'immense étendue de la terre, peuplée de tant de nations diverses; puis je considérerai en particulier la maison et la chambre de Notre-Dame dans la ville de Nazareth, en Galilée » (103). Dans un 3e prélude, on demande ce que l’on veut obtenir : « Dans la contemplation présente, je demanderai la connaissance intime du Seigneur qui s'est fait homme pour moi, afin de l'aimer avec plus d'ardeur et de le suivre avec plus de fidélité » (104).

Puis, les trois points permettent aux sens de l’imagination (vue et ouïe) de s’exercer. Le premier point consiste à voir, avec les yeux de l’imagination, les personnes qui sont intervenues dans cette Incarnation : les hommes, les trois Personnes de la Trinité, Notre-Dame : « Dans le premier point, je verrai successivement les personnes. Premièrement, les hommes qui sont sur la terre, si divers de costumes et de visages: les uns blancs, les autres noirs; les uns en paix, les autres en guerre; les uns pleurant, les autres riant; les uns sains, les autres malades; les uns naissant et les autres mourant. Secondement, je verrai et je considérerai les trois Personnes de la sainte Trinité, assises sur le trône royal de la divine Majesté; comme elles regardent tout cet univers et les nations plongées dans un aveuglement profond, et comme elles voient les hommes mourir et descendre en enfer. Troisièmement, je verrai Notre-Dame et l'Ange qui la salue; puis je réfléchirai, afin de tirer de l'utilité de cette considération » (108). On écoute alors leurs paroles, dans un second point, et on considère leurs actions, dans un troisième. Suit le colloque à la Trinité et à la Mère du Verbe : « Je demanderai tout ce qui peut m’aider à suivre de plus près et à imiter fidèlement Notre Seigneur, comme s’il venait de s’incarner pour moi. »

Dans la même journée, on va utiliser la même méthode pour contempler la Nativité. L’histoire du mystère consiste à imaginer Notre-Dame à neuf mois de grossesse sur une ânesse menée par Joseph en route vers Bethléem. Puis, on compose le lieu avec les yeux de l’imagination et on imagine concrètement le chemin de Nazareth, la grotte… On demande ce que l’on veut obtenir. On voit les personnes, on écoute leurs paroles et on considère leurs actions pour en tirer un profit spirituel, avant d’entamer le colloque, forme de prière.

La troisième et la quatrième contemplation répètent ces deux premiers exercices. La cinquième contemplation est l’application des cinq sens de l’imagination à la méditation sur l’Incarnation et sur la Nativité. A la vue et à l’ouïe qui sont déjà entrées en action, s’ajoutent l’odorat et le goût : « Je m’imaginerai sentir, respirer et goûter la suavité et la douceur infinies de la Divinité, de l’âme, de ses vertus. » Le toucher, considéré pourtant par les Pères de l’Eglise, comme un sens moins noble, intervient aussi: « J’exercerai le sens du toucher, embrassant, par exemple, et baisant les endroits où marchent, où reposent les personnes que je contemple, tâchant toujours de le faire avec profit (spirituel) ».

Une fois la méthode acquise, il est loisible de poursuivre, le second jour, la contemplation de la Présentation au Temple. Le troisième jour est consacré à la contemplation de l’Enfant Jésus à Nazareth, puis à sa découverte par ses parents au Temple.

Philippe de CHAMPAIGNE, L’Enfant retrouvé dans le Temple, 1663, Musée des Beaux-Arts d’Angers.

Ce choix de Jésus adolescent est un prélude pour considérer divers états de vie, en cherchant à appliquer sa réflexion à sa vie propre : « Nous commencerons donc ici, tout en contemplant sa vie, à rechercher devant Dieu, et à lui demander avec instance la grâce de nous faire connaître en quel état ou genre de vie sa divine Majesté veut se servir de nous. »

Nous réservons pour le prochain article la Méditation des deux étendards du quatrième jour.

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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