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Le Récit du Pèlerin d’Ignace de Loyola Chapitre VI L’université de Paris (février 1528-avril 1535)

Publié le : 24 Septembre 2015
Poursuivez votre découverte de la vie d'Ignace de Loyola grâce à Martine Petrini-Poli qui vous propose, tous les quinze jours, d'explorer un nouveau chapitre de son autobiographie : Le Récit du Pèlerin. Aujourd'hui, entrons au cœur du chapitre VI !

La pauvreté

« Ignace partit pour Paris, seul et à pied, et y arriva vers le mois de février (1528). Il logeait avec d’autres Espagnols et allait suivre les cours d’humanités à Montaigu ». Manquant de bases, « il étudiait avec les enfants, suivant le programme et la méthode de Paris. » Au Collège de Montaigu, les cours commencent à 4 h du matin. Un étudiant indélicat lui « emprunte » ses économies, si bien qu’il en est réduit à la mendicité et loge à l’Hôpital Saint-Jacques. Il cherche en vain un emploi jusqu’à ce qu’un moine lui conseille de passer deux mois en Flandre « pour en rapporter de quoi pouvoir étudier toute l’année ». Il y rencontre de riches marchands espagnols qui lui envoyèrent par la suite leurs aumônes à Paris.

Heurs et malheurs de l’apostolat

Ignace de Loyola donne les Exercices spirituels à trois étudiants qui changent de vie, offrent leurs biens aux pauvres et demandent l’aumône. Ignace est alors accusé de les détourner de leurs études. Pour rendre visite à l’étudiant qui avait dépensé son argent, il accomplit 28 lieues (soit 140 km) de Paris à Rouen, « sans boire ni manger et nu-pieds ». Il le réconforte et l’aide à s’embarquer pour l’Espagne. Cependant certains compagnons s’éloignent du dessein initial de service des âmes. Ignace reçoit la visite d’un inquisiteur dominicain, chargé de combattre « l’hérésie protestante ».

Années de philosophie et de théologie

Ignace rentre au cours des Arts, « à la Saint-Rémi, le 1er octobre 1529, avec le désir de garder les compagnons qui avaient décidé de servir le Seigneur, mais de ne plus en recruter d’autres » pour mieux étudier. La durée des études de philosophie est de trois ans et demi, entre 1529 et 1532. Entre 1533 et 1535, il fait ses études de théologie, et devient maître ès arts en 1535.

Un jour, Ignace rentre dans une maison pour réconforter un malade atteint de la peste. Mais, à son retour, au Collège Sainte Barbe, les pensionnaires le contraignent à rester quelques jours dehors. Il souffre régulièrement de maux d’estomac et les compagnons le convainquent de retourner quelque temps en Espagne. Juste avant son départ, il est dénoncé à l’inquisiteur, qui « désire seulement voir son livre des Exercices » et lui en demande copie. L’ouvrage étant approuvé, Ignace fait dresser un procès-verbal de toute cette affaire. Le projet de départ, pour lui et les compagnons, ce sont toujours les lieux saints à Jérusalem. Cependant, il est décidé que s’il n’y avait pas de passage pour la Terre Sainte un an durant, ils s’en remettraient au Souverain Pontife : « Et déjà, à cette époque, tous avaient décidé de ce qu'ils devaient faire, à savoir : aller à Venise et à Jérusalem et dépenser leur vie pour être utile aux âmes, et si la permission ne leur était pas donnée d'aller à Jérusalem, retourner à Rome et se présenter au Vicaire du Christ pour qu'il les emploie là où il jugerait que ce serait davantage à la gloire de Dieu et plus utile pour les âmes. Ils s'étaient aussi proposés d'attendre pendant un an une embarcation à Venise ; et s'il n'y avait pas d'embarcation pour le Levant pendant cette année, ils seraient relevés du vœu d'aller à Jérusalem (liberati del voto di Jerusalem) et se rendraient auprès du pape ».

Les vœux de Montmartre

Curieusement, un épisode majeur n’est pas relaté dans le Récit du Pèlerin, qui fait seulement une allusion discrète aux deux compagnons d’Ignace: « A cette époque, il était en relation avec maître Pierre Favre et maître François Xavier qu’il gagna dans la suite au service de Dieu par le moyen des Exercices ». Cet épisode, ce sont les vœux de Montmartre (Mont des martyrs) qu’il aurait prononcés le 15 août 1534, donc au cours de ses études de théologie, avec six compagnons : vœux de chasteté et de pauvreté, avec l’idée d’apostolat sacerdotal. C’est la genèse de la Compagnie de Jésus, puisque l'approbation pontificale de cette nouvelle institution religieuse,  sera donnée en 1540. Parmi ces jeunes gens, étudiants de dix-neuf à vingt-huit ans, il y a trois castillans, un navarrais, un basque, un portugais et un savoyard. Cet événement n'est attesté par aucun document contemporain. On n'en trouve la trace que beaucoup plus tard, lorsque certains parmi les sept en convoqueront le souvenir. Le Récit du Pèlerin, lui, s’arrête au seuil de cette institution, « que d’autres pourront raconter ».

Portrait de Pierre Favre, canonisé en 2013 par le pape François Ier

Voici ce qu’écrit Pierre FAVRE dans son Mémorial (D.D.B., coll. Christus, n° 4, n° 151, p. 111-112) :

« Le 10 janvier 1529, à vingt-trois ans, je devins bachelier ès arts et, après Pâques licencié sous la direction de maître Juan de la Peňa, actuellement docteur en médecine. Daigne la divine bonté me donner de me souvenir avec gratitude des bienfaits, pour le corps et pour l’esprit, qu’elle m’accorda par tant de moyens au long de ces trois années et demie : un tel régent pour moi, et ces compagnons que j’ai trouvés dans sa chambrée, particulièrement maître Francisco de Xavier, membre de la Compagnie de Jésus-Christ. Cette année-là, Inigo entra au collège de Sainte Barbe, dans la même chambrée que nous, avec l’intention de suivre le cours des arts à la Saint Remi suivante, et c’est notre régent qui devait se charger de ce cours. Que soit à jamais bénie cette rencontre, ménagée par la souveraine Providence pour mon bien et pour mon salut : car après qu’elle eut elle-¬même disposé que j’instruirais ce saint homme, il s’ensuivit pour moi des relations d’abord superficielles, puis intimes avec lui, et ensuite une vie en commun où nous avions, à deux, la même chambrée, la même table et la même bourse. Il finit par être mon maître en matière spirituelle, me donnant règle et méthode pour m’élever à la connaissance de la volonté divine; nous en vînmes à ne faire plus qu’un, de désirs et de volonté, dans la ferme résolution de choisir la vie que nous menons aujourd’hui, nous tous, membres présents ou futurs de cette Compagnie dont je ne suis pas digne. »

Martine Petrini-Poli

 

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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