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Le Récit du Pèlerin, autobiographie d’Ignace de Loyola : chapitre III

Publié le : 13 Août 2015
Le chapitre III du récit du Pèlerin est composé de cinq chapitres et il nous dévoile l’expérience spirituelle fondamentale de Manrèse, où Ignace de Loyola séjourne un an, plus longtemps qu’il ne le souhaitait. Ignace a, en effet, hâte de se rendre à Jérusalem, mais il veut d’abord gagner Rome pour obtenir la bénédiction papale. Cependant la peste interdit l’accès de Barcelone. Cette année à Manrèse (en Catalogne) est le temps nécessaire pour qu’Ignace se mette à « l’école de Dieu ».

1. Combats spirituels

« Chaque jour, il demandait l’aumône à Manrèse. Il ne mangeait pas de viande et ne buvait pas de vin, bien qu’on lui en offrît. Les dimanches, il ne jeûnait pas, et si on lui donnait un peu de vin, il le buvait ». L’ascèse existe dans toutes les religions; le fidèle pratique toutes sortes d’exercices de maîtrise du corps afin de mieux s’unir à la divinité. Cependant Ignace, tenté d’abord par les pénitences excessives, va trouver un équilibre plus humain. D’autres tentations le guettent, qui portent sur la vie monastique-même : « Comment pourrais-tu supporter cette existence pendant les septante ans qui te restent à vivre ». Il parvient à surmonter cette tentation par son assiduité quotidienne à « la grand-messe, vêpres et complies » et il en ressent une grande consolation. Mais « peu après, il commença à connaître en son âme une grande instabilité ». C’est une alternative paradoxale entre dégoût de la prière et exaltation mystique. Une femme pieuse fait le vœu qu’il ait une apparition du Christ. Ignace en sourit, car il n’a encore aucune expérience spirituelle.

Ignace de Loyola, le Récit du pèlerin, autobiographie © jesuites.com

L’ascèse existe dans toutes les religions; le fidèle pratique toutes sortes d’exercices de maîtrise du corps afin de mieux s’unir à la divinité. Cependant Ignace, tenté d’abord par les pénitences excessives, va trouver un équilibre plus humain.

2. Scrupules

Malgré la confession et communion hebdomadaires pratiquées par Ignace, celui-ci « fut fortement travaillé par les scrupules ». Le mot « scrupule » (scrupulum) a une étymologie latine, il signifie « petit caillou », de scrupus « caillou pointu », qui vous gêne dans la marche, et, au sens figuré, l’incertitude d’une conscience exigeante au regard du caractère de faute de ses actions passées. De fait, Ignace se tourmente sur la confession générale qu’il a faite à Montserrat. Il va chercher un homme spirituel pour le guérir de ses tourments de conscience. Cependant, malgré son assiduité à ses sept heures d’oraison par jour, ses scrupules ne le quittent pas, deviennent même plus subtils, au point que la tentation du suicide le guette : « Il était en butte à de fréquentes tentations qui le poussaient violemment à se jeter par un grand trou qui se trouvait dans sa chambre, près de l’endroit où il faisait oraison ». Il est toutefois retenu par cette prière : « Seigneur, je ne ferai rien qui vous offense ». Ses prières sont des cris vers Dieu pour qu’Il l’apaise. Ignace en vient même à lancer un défi à Dieu de faire jeûne « tant que Dieu ne l’aurait pas secouru ou qu’il ne se sentirait tout proche de la mort ». Mais son confesseur lui ordonne de rompre ce jeûne. Il lui obéit et finit par admettre que le retour sur ses fautes passées peut être un moyen mortifère pour l’Esprit Malin de le détourner de Dieu. « A partir de ce jour, il fut libéré de ses scrupules ». C’est ainsi que nous comprenons, à la suite de quelles expériences, Ignace a consigné les « Règles sur les scrupules » dans ses Exercices spirituels.

3. Apaisement

A son tour, Ignace va apporter une aide spirituelle à quelques âmes et il en ressent de l’apaisement. Il comprend progressivement l’importance de règles de vie telles que le bon équilibre entre les activités spirituelles diurnes et le repos nocturne. Auparavant, il consacrait une partie de la nuit à ces lumières spirituelles, au détriment de son sommeil.

4. A l’école de Dieu

Ignace relate cinq anecdotes qui sont autant de signes qu’il a la grâce de recevoir, au cours de cette année à Manrèse :
- La dévotion à la Sainte Trinité, qu’il se représente comme les « trois touches d’un clavier ». Cette expérience trinitaire déclenche chez lui à la fois des crises de larmes et une joie communicative.
- Il voit comment Dieu avait créé le monde : « Il lui semblait voir une chose blanche d’où jaillissaient quelques rayons et dont Dieu tirait de la lumière. Mais ces choses, il ne savait pas les expliquer… ».
- Il abandonne ses pénitences excessives et se coupe cheveux et ongles. Il tirera plus tard dans ses Exercices ses conclusions sur l’ascèse.
- « Un jour, il vit clairement dans son esprit comment Jésus-Christ Notre-Seigneur se trouvait dans ce très Saint-Sacrement », lors d’une messe dans l’église du monastère de Manrèse. Il a régulièrement des « apparitions » de l’humanité du Christ : « S’il disait vingt ou quarante fois, il ne croirait pas mentir ». L’effet en est une assurance indéfectible dans la foi.
- Son expérience spirituelle est d’une telle clarté, au bord de la rivière, près de Manrèse, qu’il n’en a jamais connu de telle en 72 ans. Mais il a aussi la vision du Malin « qu’il chasse de son bourdon ».

5. Devant la mort

Ignace relate quatre expériences où il a frôlé la mort : il tombe trois fois gravement malade et essuie une tempête au cours d’une traversée de Valence en Italie. Il analyse ses tentations au seuil de la mort : orgueil d’être un juste, satisfaction à mourir. Mais il fait aussi l’apprentissage de l’humilité en acceptant, en plein hiver, « un manteau gris, de drap fort grossier ».

Ce chapitre 3 « Manrèse » nous permettra de dégager quelques éléments de la spiritualité ignatienne.

Martine Petrini-Poli

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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