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Le Récit du Pèlerin, autobiographie d’Ignace de Loyola : chapitre I

Publié le : 16 Juillet 2015
Le Récit du Pèlerin est le testament spirituel d’Ignace de Loyola. A la demande de ses compagnons et pressé par son secrétaire, le Père Nadal, quatre ans durant, Ignace finit par accepter de consigner son expérience spirituelle par écrit. Ignace va ainsi entreprendre, entre 1553 et 1556, date de sa mort, le récit de sa vie auprès du Père Gonçalves da Camara. Celui-ci commence la rédaction à Rome, puis la poursuit à Gênes, il rédige en espagnol et en italien, selon les secrétaires dont il dispose, jusqu’à ce que le Père Annibal de Coudret traduise ce récit en latin. Le Récit du pèlerin éclaire la lecture des Exercices Spirituels, car il en est la source vive. Cette autobiographie spirituelle est aussi une relecture de la vie et de l’expérience d’Ignace, comme les Exercices préconisent de la pratiquer.

Le Récit du Pèlerin est précédé de deux préfaces, l’une du Père Nadal, l’autre du Père Gonçalves da Camara, qui nous renseignent sur les circonstances du récit dicté et de l’écriture. Ignace, comme le faisait Montaigne, dicte souvent en marchant. Il espace ses rendez-vous avec son rapporteur à chaque évènement qui le sollicite. Cependant il n’en poursuit pas moins un ordre chronologique, couvrant les années 1522 à 1535, et compose un ouvrage de sept chapitres sous-titrés. Le récit commence à sa conversion en 1522, à 31 ans, à Pampelune et se termine sur le choix à faire entre deux destinations, « Jérusalem ou Rome ». Ce sont des souvenirs de jeunesse, relatés à la troisième personne, par un homme de 62 ans, se désignant comme le « Pèlerin ». Son intention est d’aider les âmes à trouver Dieu.

Chapitre I La conversion (1521-1522)

Le blessé de Pampelune

Ignace de Loyola est issu d’une famille de chevaliers basques et il mène jusqu’en 1521 une vie de courtisan. Cependant, engagé auprès du vice-roi de Navarre, il est blessé au siège de Pampelune par l’armée française: « La canonnade avait déjà duré un bon moment, quand une bombarde l’atteignit à la jambe et la brisa toute. Comme le boulet était passé entre les deux jambes, l’autre fut aussi grièvement blessé. » Il est immobilisé quinze jours à Pampelune, puis transporté chez lui en litière au château de Loyola. On lui recasse alors la jambe, car les os étaient mal rajustés. Sa convalescence commence alors.

PORTRAIT D'IGNACE DE LOYOLA © RMN-GRAND PALAIS (CHÂTEAU DE VERSAILLES) / GÉRARD BLOT

Les deux esprits

Ne trouvant pas de romans de chevalerie dont il a le goût, on lui apporte une Vita Christi du chartreux Rudolphe de Saxe et un livre sur la vie des saints, la Légende dorée du dominicain Jacques de Voragine. Réfléchissant sur ses lectures, il comprend la lutte en lui entre deux esprits : l’esprit du monde et l’imitation des saints dont il découvre la vie (Saint François, Saint Dominique). Tantôt il s’exalte pour des prouesses mondaines, au service d’une Dame inaccessible, tantôt il envie les exploits des saints. Cependant l’état d’âme à la suite de ces réflexions diffère : le souci de l’honneur et de la réputation, l’éclat d’un grand nom parmi les hommes le laissent dans un état d’agitation intérieure ; la découverte de la vie du Christ lui procure apaisement et joie. Il prend ainsi conscience de la diversité des esprits dont il est agité : l’esprit du démon et l’esprit de Dieu. Il fait alors un retour sur son passé, désire faire pénitence et, pour cela, se rendre à Jérusalem. Cela éclaire le lecteur des Exercices spirituels sur la notion de discernement des esprits et sur la méditation sur les deux étendards.

Quand le peintre espagnol baroque, Juan Valdès Leal (1622-1690), entreprend le cycle de la Vie de saint Ignace de Loyola, il s’inspire de cette biographie d’Ignace, mais aussi de Voragine, et il ajoute des épisodes allégoriques. Cette oeuvre se trouve aujourd’hui au Musée des Beaux Arts de Séville. Ce sont de grandes toiles de deux mètres de haut, sur un mètre quarante cinq de large, dont huit sont conservées sur douze ; elles ont été commencées entre 1660 et 1665 et achevées entre 1674 et 1676. Il s’agissait d’une commande pour la maison professe de la Compagnie de Jésus de Séville, établissement religieux de l’ancien royaume de Séville et source du mouvement missionnaire jésuite vers l’Amérique. Le premier tableau représente Saint Ignace, après sa blessure au siège de Pampelune, lisant sur son lit ; à sa gauche, Saint Pierre lui tend les bras.

APPARITION DE LA VIRTGE ET DE L'ENFANT JÉSUS À SAINT IGNACE, JUAN VALDÈS LEAL © musee des beaux arts de seville

La décision

Dans l’Apparition de la Vierge et de l’Enfant Jésus à Saint Ignace de Juan Valdès Leal, exposé au Musée des Beaux Arts de Séville, le futur fondateur de la Compagnie de Jésus, gentilhomme au costume vert pailleté, un court manteau sur les épaules, est agenouillé au pied d'un autel. Comme le rapporte le Récit du Pèlerin, Ignace a, en effet, une nuit de veille, une vision d’une image de Notre-Dame avec l’Enfant Jésus. Ignace va se mettre à écrire, il compose un livre de 300 pages in-quarto :

« Il se mit à écrire avec beaucoup de soin (…). Il écrivait les paroles du Christ en rouge, celles de Notre-Dame en bleu. Le papier était lissé et rayé, et tout était bien calligraphié, parce qu’il avait une très belle écriture ».

Sinon, il prie, contemple le ciel et se renseigne sur la Chartreuse, mais il veut d’abord se rendre à Jérusalem. Cependant l’échéance du pèlerinage est repoussée, à cause de l’état de sa jambe.

Matrine Petrini-Poli

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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