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Le Livre de la vie, récit de la fondation du monastère saint Joseph d’Avila (Chapitre XXXII à XXXVI)

Publié le : 19 Juin 2014
Les chapitres XXXII à XXXVI relatent les démarches entreprises par Thérèse d’Avila pour fonder le monastère Saint Joseph à Avila. L’idée d’une réforme du Carmel lui est venue du sentiment de décalage entre son propre désir de conversion et l’état des couvents en Espagne au XVIe siècle. Une vision de l’Enfer « impossible à oublier » va alors la déterminer dans sa décision!

« Un jour où j’étais en oraison, il me sembla soudain, sans savoir comment, que je me trouvais transportée tout entière en enfer » (XXXII, 1).

La description des lieux fait songer aux oubliettes des châteaux-forts : « L’entrée me parut être une sorte de ruelle, très longue et très étroite, à la façon d’un four très bas, sombre et resserré. Le sol me parut couvert d’une eau boueuse, très sale et d’une odeur pestilentielle, et toute pleine de vilaines bestioles. Tout au bout, il y avait une concavité creusée dans le mur, comme une sorte de placard où je me retrouvai mise à l’étroit. » Elle ressent «une agonie de l’âme, une oppression, un étouffement, une affliction si pénible, jointe à un désespoir si poignant et si douloureux, que je renonce à l’exprimer » écrit-elle (XXXII, 2).

Sa conception de l’Enfer n’est déjà plus celle du Moyen Age avec les Cercles de l’Enfer de Dante, « les démons qui nous tenaillent, (et) autres supplices que j’ai lus (…), car on ne peut bien conduire mon âme par la crainte. » « Tout ceci n’est rien comparé à cette peine, car c’est autre chose » (XXXII, 3). Ce qu’elle éprouve, c’est une « immense compassion pour tant d’âmes qui se damnent », de là aussi un « vif désir d’être utile aux âmes » et de « faire pénitence pour tant de maux » (XXXII, 6-8).

Or, un jour, une cousine lui demande pourquoi, elle et d’autres sœurs, ne seraient pas religieuses à la manière des Déchaussés et ne fonderaient pas  un monastère. Thérèse se trouve alors bien à l’aise au couvent de l’Incarnation.

Mais après une communion, « Sa Majesté me donna l’ordre exprès de m’y employer de toutes mes forces (…), et elle me dit de le dédier à saint Joseph » (XXXII, 11). Dès que le projet prend forme, ce sont « moqueries et rires » en ville. 

Elle trouve, au milieu du désistement général, l’appui du provincial, puis d’un dominicain, « et, avec l’aide constante de beaucoup de prières, j’avais déjà acheté une maison petite, mais bien située » confie-t-elle (XXXII, 18).

Mais il s’était formé un tel tumulte au monastère que « le provincial changea d’avis et refusa notre projet » (XXXII, 15). Près de clore l’affaire et de signer le contrat, on lui ordonna de ne plus s’en occuper. Elle garde ainsi le silence pendant cinq ou six mois et subit les critiques de son confesseur.

Cependant l’arrivée du recteur lui permet d’exposer ses arguments et de reprendre son projet « dans le plus grand secret » (XXXIII, 11). Elle fait donc acheter une maison par sa sœur, jeune mariée, qui « l’aménage comme pour elle-même. » Par souci de pauvreté, elle renonce à un agrandissement. C’est alors qu’elle dit avoir eu, le jour de l’Assomption, au cours d’une messe, une vision de la Vierge la parant d’un vêtement blanc et d’un très beau collier d’or auquel était attachée une croix précieuse, d’une beauté ineffable.

 

Thérèse d’Avila, L’Art du XVIIe dans les Carmels de France, Musée du Petit Palais, 1982.

Le recteur invite alors Thérèse d’Avila à quitter quelque temps ce nouveau monastère en attendant le bref du pape Paul IV l’autorisant à fonder saint Joseph. Elle va donc consoler une veuve, chez laquelle elle rencontre une carmélitaine, puis Pierre d’Alcantara, qui tous deux l’encouragent à faire observer la pauvreté dans sa nouvelle fondation. Elle est appelée à retourner à Avila, car « un grand nombre de sœurs (du couvent de l’Incarnation) voulaient lui confier la charge de prieure » (XXV, 7). Elle redoute le poids de cette charge qui ne l’attire pas et sait qu’elle devra « porter la lourde croix » annoncée par le Seigneur.

A son arrivée, elle reçoit le bref de Rome : « Tout ceci se fit dans le plus grand secret (…) J’eus beaucoup de mal à obtenir l’agrément des uns et des autres, à m’occuper des ouvriers pour qu’on achève au plus vite de donner à la maison l’allure d’un monastère, car les travaux étaient loin d’être terminés (…) Tout ayant été arrangé, il plut au Seigneur que, le jour de la Saint-Barthélemy, plusieurs sœurs prennent l’habit et que l’on pose le très Saint-Sacrement » (XXXVI, 3-4-5).
C’est alors qu’elle est livrée à un combat spirituel et connaît « un des plus durs moments de sa vie » (XXXVI, 9). Les doutes l’assaillent, « une angoisse mortelle, comme les transes de l’agonie. »

Puis le Seigneur lui donne lumière et apaisement. La supérieure du couvent de l’Incarnation lui enjoint de revenir sur le champ et elle comparaît devant le provincial, puis devant les religieuses. Le conseil de la ville veut détruire le nouveau monastère et l’affaire remonte jusqu’au Conseil du Roi. « Dans un récit aussi sommaire, on ne peut bien faire comprendre ce que nous avons enduré pendant ces deux ans » (XXXVI, 21). Enfin, par l’entremise d’ecclésiastiques, « ceux qui nous avaient le plus persécutées (…) renoncèrent à leur procès » (XXXVI, 24).

Le premier Carmel réformé est ainsi fondé, après bien des tribulations, le 24 août 1562.

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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