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La Méditation baroque sur la mort chez Juan Valdès Leal et les œuvres de Miséricorde ou de Charité

Publié le : 2 Juillet 2015
Juan Valdès Leal est un peintre baroque qui va illustrer la vie d’Ignace de Loyola entre 1674 et 1676, et qui est aussi connu par ses tableaux macabres représentant la Mort à l’œuvre dans le monde, Finis Gloriae Mundi (Fin de la Gloire terrestre) et In ictu oculi (En un clin d’oeil). Il s’agit d’un vaste programme iconographique réalisé pour l’Hôpital de la Charité de Séville, fondé par Miguel de Manara, auquel vont participer trois artistes, les peintres Leal et Murillo, et le sculpteur, Pedro Roldan. Le thème global est celui de la voie du salut par la charité chrétienne. L’intention théologique est de montrer, dans ce courant de la Contre Réforme, l’importance du salut par les œuvres.

Les deux tableaux de Leal, qui se font pendant, symbolisent la futilité de la vanité terrestre, « les hiéroglyphes de notre fin dernière » et donnent tous deux la même leçon religieuse. La première, intitulée Finis Gloriae Mundi, évoque la Fin de la Gloire terrestre. La scène est un charnier avec le cercueil ouvert d'un évêque et un cadavre d’un gentilhomme en décomposition à côté de lui. Un bras justicier tient les fléaux d’une balance qui s’équilibrent: d’un côté, les éléments associés à l'occulte (une chèvre, un cœur humain), de l’autre, les objets saints catholiques (un cœur surmonté du monogramme du Christ, IHS, Jésus Sauveur des Hommes). Les objets occultes sont étiquetés avec "NIMAS" ("pas plus"), tandis que les objets catholiques portent l'étiquette "NIMENOS" ("pas moins"). Un hibou se cache à l'arrière,  symbole de la nuit et de la sorcellerie.

Juan Valdes Leal, Finis gloriae mundi © hôpital de la Caridad, Séville 

La seconde toile, en pendant, intitulée In Ictu Oculi ("En un clin d'œil") montre le squelette de la Mort, armé d’une faux et traînant un cercueil sous son bras, étouffant la flamme de la bougie, debout, triomphant des attributs de la gloire terrestre: globe terrestre, armure, épée, vêtements prestigieux, livres d'architecture, missels, couronnes d'or, et même crosse et mitre épiscopales.

JUAN VALDES LEAL, In ictu oculi © HÔPITAL DE LA CARIDAD, SÉVILLE

Ainsi, puisque la Mort peut nous entraîner « en un clin d’oeil », il est urgent  d’exercer la Charité ou Miséricorde. La deuxième  série de peintures de l’Eglise de la Charité de Séville indique, en effet, la voie du Salut à travers les sept oeuvres de Miséricorde, dont six sont des peintures de Murillo (1617-1682). Il est aussi question des œuvres de miséricorde dans les Exercices Spirituels de Saint Ignace de Loyola. Vingt annotations précèdent les Exercices, propres à en faciliter l’intelligence, utiles à celui qui doit les donner comme à celui qui doit les recevoir. On lit à  la 18ème annotation :

«  Il faut adapter les exercices spirituels à la disposition des personnes qui veulent les faire, c'est-à-dire à leur âge, à leur science, à leur talent, et ne pas donner à celui qui est ignorant ou d'une complexion faible, des choses qu'il ne puisse pas supporter aisément, et dont il est incapable de profiter. On doit également consulter l'intention du retraitant, et, selon le désir qu'il aura de s'avancer dans le service de Dieu, lui donner ce qui est le plus convenable pour l'aider à obtenir le but qu'il se propose. Par conséquent, s'il ne veut que s'instruire de ses devoirs et parvenir à un certain degré de repos intérieur, on peut lui donner l'examen particulier, et ensuite l'examen général. Il consacrera en même temps une demi-heure le matin à la première manière de prier, sur les commandements et sur les péchés capitaux, etc. On lui recommandera aussi de se confesser tous les huit jours, et, s'il le peut, de recevoir le sacrement de l'Eucharistie tous les quinze jours, et mieux encore tous les huit jours, s'il en a la dévotion. Cette méthode convient surtout aux personnes simples et sans études. On leur expliquera tous les commandements de Dieu et de l'Église, les péchés capitaux, ce qui regarde les cinq sens corporels et les oeuvres de miséricorde. »

L’origine des œuvres de miséricorde est d’abord la Bible, et Saint Thomas d’Aquin, au XIIIe siècle, énumère quatorze œuvres de Miséricorde, les divisant en sept corporelles et sept spirituelles.

Les sept oeuvres de Miséricorde corporelle sont les suivantes ; six sont ici illustrées par Murillo :
1. Donner à manger à ceux qui ont faim.
2. Donner à boire à ceux qui ont soif.
3. Vêtir ceux qui sont nus.
4. Loger les pèlerins.
5. Visiter les malades.
6. Visiter les prisonniers.
7. Ensevelir les morts.

La septième œuvre de miséricorde, qui consiste à enterrer les morts et qui caractérise la Confrérie, attachée à cette église, est représentée dans le retable du tombeau par le groupe de sculptures de Pedro Roldán. Enfin, sur les autels latéraux, deux autres peintures de Murillo, montrent Saint Jean et Sainte Elisabeth de Hongrie, pansant les teigneux, exemples de bonté charitable.

Les sept oeuvres de Miséricorde corporelle sont complétées chez Thomas d’Aquin par celles de Miséricorde spirituelle :
1. Admonester les pécheurs.
2. Instruire les ignorants.
3. Conseiller les incertains.
4. Consoler les affligés.
5. Supporter avec patience les importuns.
6. Pardonner volontiers.
7. Prier pour les vivants et pour les morts.

Martine Petrini-Poli

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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