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L’image de la porte dans Les demeures de l’âme ou le Château intérieur de Thérèse d’Avila

Publié le : 4 Décembre 2014
« Et lorsque vous reviendrez, Il vous tiendra toujours la porte ouverte. »

Le Prologue du Château intérieur de Thérèse d’Avila  précise que ce traité sur l’oraison a été rédigé à la demande même des jeunes moniales : « Celui qui m’a ordonné d’écrire m’a dit que les religieuses de ces monastères de Notre-Dame du Carmel (avaient) besoin qu’on lève certains de leurs doutes sur l’oraison (…) il lui semblait que des femmes comprennent mieux le langage d’autres femmes. » La prieure a l’idée de recourir à des images et des métaphores pour se faire bien comprendre : « La porte pour entrer dans ce château est l’oraison. » I, 7 Partant de sa propre expérience et « voyant qu’elles (les moniales) ne s’y prennent pas bien pour trouver la porte » I, 8, elle leur dispense ses conseils. Elle montre qu’il faut une âme de chevalier pour lutter contre les ennemis intérieurs et défendre son propre château-fort :

« C’est une bien grande misère que de vivre une vie où il faut toujours nous tenir sur nos gardes, comme ceux qui ont les ennemis à leurs portes, sans pouvoir lâcher les armes ni pour manger ni pour dormir, toujours dans l’angoisse de voir s’ouvrir une brèche quelque part dans leur forteresse » III, I, 2.

Mais parfois, le veilleur relâche sa garde, sort du château et pactise avec l’ennemi :

« Considérant nos sens et les puissances (dont j’ai déjà dit que ce sont les gens de ce château intérieur, qui est l’image que j’ai prise pour me faire comprendre), imaginons qu’ils sont sortis et que pendant des jours et des années ils ont frayé avec des étrangers ennemis du bien de ce château (…).Voyant leur perdition, ils s’en rapprochent mais sans parvenir à y entrer (…). »

Intervient alors le grand Roi qui a ce château pour demeure et qui prend le visage du Bon Pasteur : « Ce sifflement  a sur eux tant d’empire qu’ils abandonnent les choses extérieures qui les aliénaient, et pénètrent dans le château » IV, III, 2.

Ainsi la porte évoque l’idée de passage ou de barrage, d’ouverture ou de fermeture, dont sa Majesté a l’initiative. La prieure insiste à plusieurs reprises sur l’idée que l’âme ne doit pas forcer la porte et qu’elle ne peut entrer que si elle y est invitée. En effet, la porte montre le caractère sacré du lieu. Ainsi le tympan situé au-dessus du portail des cathédrales est une évocation symbolique de passage dans le monde sacré. Progressivement, selon la volonté divine, l’âme franchit une à une les portes des demeures. La porte ouvre toujours sur un monde inconnu, elle recèle des trésors cachés.

Parador de Santiago de Compostela, Hostal dos Reis Catolicos.

Le traité sur l’oraison prend les accents du Cantique des Cantiques. L’image de la chambre nuptiale est délicatement suggérée par la comparaison : « Bien que la comparaison soit grossière, je n’en trouve point qui puisse mieux faire comprendre ce que je cherche à dire que le sacrement de mariage. Oh, certes de manière différente, parce qu’en nos exercices rien n’est jamais qu’en esprit et que, bien loin de l’union corporelle, les satisfactions spirituelles et les jouissances que procure le Seigneur sont à mille lieues de ce que doivent éprouver des gens mariés… Cet Epoux est tel qu’il la rend digne par cette seule entrevue d’accorder, comme on dit, sa main. Et l’âme est alors tellement éprise qu’elle fait, de son côté, tout ce qu’elle peut pour que rien ne vienne rompre ces divines épousailles » V, IV, 4.

L’âme connaît alors l’union mystique. Cependant plus l’âme, à qui le Seigneur accorde ses plus hautes faveurs, a franchi de portes, plus les épreuves se font rudes.

La 6ème et la dernière (demeure) « pourraient très bien être unies, puisque de l’une à l’autre, il n’y a point de porte fermée. C’est uniquement parce qu’il y a dans la dernière des choses qui ne se sont pas encore manifestées à ceux qui n’y sont pas encore parvenus qu’il m’a semblé bon de les séparer » VI, IV, 4.

« Et il (le Roi) ne veut d’entrave de personne ni des puissances ni des sens ; c’est pourquoi il fait fermer les portes de toutes ces demeures, ne laissant ouverte que celle où il se tient, pour que nous y entrions » VI, IV, 9.

Thérèse d’Avila tente de décrire cet état de grande extase, qui est de courte durée. C’est à la fois un rapt et un ravissement : « J’en reviens donc à ce que je disais : l’Epoux fait fermer les portes des demeures, et même celles du château et de son enceinte, et dès qu’il a décidé de ravir une âme, il lui coupe le souffle de telle sorte que, même si les autres sens demeurent un peu plus longtemps, il lui est absolument impossible de parler » VI, IV, 13.

Dans l’exorde, la prieure oppose à la rigueur de la clôture et à l’étroitesse des logements, la consolation de se prélasser dans ce château intérieur, « puisque, sans la nécessité de la permission des supérieures, vous pouvez y entrer et vous y promener à n’importe quelle heure», avec toutefois l’avertissement final : « A la vérité, ce n’est pas dans toutes les demeures que vous pourrez entrer par vos propres forces, même si elles vous paraissent grandes, et seul le Seigneur du château pourra vous y faire entrer. »

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Monique
Monique a écrit :
05/12/2014 15:56

Quelle porte magnifique ! Tous les saints personnages qui s’y tiennent aideront certainement au passage vers le monde sacré inconnu.

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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