Jean de la Croix dans l’Espagne du Siècle d’or

C’est alors une période de prospérité économique et de rayonnement culturel,  le siècle d’or espagnol, qui couvre le règne de Charles-Quint, de Philippe II et des derniers Habsbourg. La littérature est en plein essor : poésie lyrique de Luis de Leon et Garcilaso de la Vega, poésie mystique de Jean de la Croix, roman picaresque avec l’œuvre anonyme La vie de Lazarillo de Tormes, ou El Buscon de Francisco de Quevedo, roman de Cervantès El Ingenioso Hidalgo Don Quichotte de la Mancha, apogée du théâtre illustrée par Lope de Vega, Tirso de Molina et Calderon de la Barca…

De son premier nom Juan de Yepes, d’origine noble, Jean de la Croix est né à Fontiveros, sur les terres arides de Vieille Castille, dans la province d’Avila en 1542.

Maison natale et église San Juan de la Cruz à Fontiveros, auteur : dahis, via wikimedia commons (http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Fontiveros_casa_natal_SJuan_de_la_Cruz.jpg)

Il perd son père très tôt, ce qui entraîne sa famille dans la misère. Il fait d'abord ses études au collège des Jésuites et entre en 1563 au couvent des Carmes de Medina del Campo où il prend le nom de frère Jean de Saint-Mathias. Il prononce ses vœux perpétuels en 1564, puis, nommé préfet des étudiants du collège de Salamanque, il poursuit ses études dans la belle Université de Salamanque, fondée au XIIIème siècle ; il est ordonné prêtre en 1567.
                                
En 1568, il rencontre Thérèse d'Avila, de 27 ans son aînée, qui l'intéresse à la réforme du Carmel. Il fonde la même année, à Duruelo, le premier couvent de « carmes déchaux » et il prend alors le nom de Jean de la Croix. Il aspire à retrouver la règle primitive de l’ordre, marquée par la prière et la pauvreté en vue de Dieu. Leur influence conjuguée transformera complètement l'esprit d'une communauté qui a perdu de sa ferveur originelle. En 1571, il devient recteur au Collège d’Alcala, puis aumônier du couvent des carmélites de l’Incarnation, à Avila. Il participe à de nombreuses fondations de couvent dans toute l’Espagne et y prodiguera des conseils de direction spirituelle (Ségovie, Beas de Segura…)
                                         
Il est poursuivi et emprisonné neuf mois à Tolède (1577) par des « carmes chaussés », opposés à cette réforme; de sa prison, il compose les 31 premières strophes de son poème, Chansons entre l’Ame et  l’Epoux ou Cantique spirituel. Il s'en évade en 1578.
                                  

LE GRECO, Vue de Tolède –entre 1596 et 1600- Huile sur toile 121,3X108,6 cm Metropolitan Museum of Art, New York           

                                     
Après la mort de Thérèse, Jean poursuit son oeuvre réformatrice auprès des carmélites. Mais  des frères peu disposés à le suivre le mettent à l’épreuve. Nommé recteur du Collège de théologie à Baeza, en Andalousie, en 1579, il rédige probablement les 8 dernières strophes du Cantique spirituel, la Nuit obscure et la Montée du Mont Carmel, œuvre qu’il poursuivra jusqu’en 1584 et qu’il laissera inachevée. Le Commentaire du Cantique spirituel et le poème Flamme vive d’amour datent aussi de 1584. Depuis 1582, il est devenu prieur du couvent des martyrs de Grenade, au pied de l’Alhambra, face aux cimes enneigées de la Sierra Nevada.  Vicaire provincial d’Andalousie en 1585, le carme effectue de nombreux déplacements pour son ministère, sillonnant toute la province lors de ses visites régulières auprès des couvents de carmes déchaux. Il devient prieur du couvent de Ségovie en 1589. Entre temps, le pape reconnaît officiellement les deux ordres du Carmel. Jean de la Croix meurt au couvent d'Ubeda, dans la nuit du 13 au 14 décembre 1591. Canonisé en 1726, il est proclamé docteur de l’Eglise en 1926 et saint patron des poètes espagnols en 1952.
                   

Saint Jean de la Croix, en extase devant la Croix (détail), école française XVIIIème siècle, peinture à l’huile 250X176,5 cm, classée en 1911. Eglise saint Mathieu à Montpellier, tableau provenant de l’ancienne chapelle du couvent des Dominicains. Base Palissy.  «Réunion de chantier» lors de la fondation d’un des nombreux couvents espagnols.                                                

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