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«J’aimais extrêmement la lecture de bons livres» Livre de la vie (VI, 4), Thérèse d’Avila

Publié le : 10 Avril 2014
Certes Thérèse d’Avila ne possède pas la culture classique de Jean de la Croix, elle insiste sur son ignorance de femme qui n’a pas fait d’études, elle se déclare « sin letras » (X, 5), cependant ses lectures sont fort abondantes. On pourrait ainsi tracer une sorte d’autoportrait par les livres, selon l’adage « Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es. »

Le livre, attrait pour l’imaginaire

Les lectures de l’enfance et de l’adolescence avec son jeune frère Rodrigo, comme les livres de saints, développent imagination et sens de l’héroïsme. Elle manifeste aussi son goût pour les romans de chevalerie, alors en vogue, avec la complicité maternelle, à l’insu de son père. Amadis de Gaule a été publié en 1508 à Saragosse.


Le livre, support pour l’oraison

D’abord rebutée par les lectures pieuses faites à son oncle, elle fait une découverte : « En cours de route, cet oncle dont j’ai dit qu’il se trouvait sur le chemin me donna un livre intitulé Troisième abécédaire (spirituel de Francisco de Osuna) qui vise à enseigner l’oraison de recueillement … » (IV, 7). Thérèse d’Avila va prendre « ce livre pour maître » et conseiller, à défaut de confesseur, qu’elle cherchera vainement pendant vingt ans de vie religieuse.
Le livre comble la sècheresse dans la prière : « …cette lecture aide beaucoup à se recueillir », elle supplée à l’oraison mentale, où, dit-elle, il est « impossible, sans cette aide, de demeurer longtemps… » Le livre est aussi une parade contre l’égarement de la pensée et les distractions de l’esprit : « jamais je n’osais me mettre en oraison sans un livre (…) Avec ce recours, qui était comme une compagnie et un bouclier pour parer les coups de mille pensées, je me sentais réconfortée… » (IV, 9)
« L’histoire de Job dans les Moralia de saint Grégoire (le Grand) » (V, 8) est pour Thérèse un grand secours pour affronter les terribles souffrances physiques et morales de sa cure de trois mois qui la laisse « presque morte ». C’est après la lecture des Epîtres de saint Jérôme qu’elle trouve le courage d’avouer à son père son désir d’entrer au Carmel (III, 7).


Le livre, modèle de récit de conversion

Deux ouvrages auront une influence capitale sur le cheminement spirituel de Thérèse d’Avila mais aussi sur la composition-même du Livre de la vie : la lecture des Confessions de saint Augustin, traduites en castillan en 1554, et celle de l’Ascension de la Montagne de Sion de Bernardino de Laredo. « J’aime tout particulièrement saint Augustin (…), parce qu’il avait été pécheur, car je trouvais un grand réconfort auprès de saints qui l’avaient été et que le Seigneur avait ramenés ensuite à lui… » (IX, 7).

Traces de Signes, 2007-Françoise Galle ©ADAGP, Paris 2014

Lire et inviter à la lecture de « bons livres »

Il s’agit de lire de « bons livres », des livres de spiritualité, mais aussi de faire lire les autres, comme son père atteint par la maladie : « Comme j’aimais beaucoup mon père, je désirais pour lui tout le bien que je pensais avoir en faisant oraison (…) ; c’est pourquoi j’entrepris, autant que faire se peut, de l’y amener en usant de détours ; et, dans ce but, je lui donnai des livres. » (VII, 10). « Il ne fut pas le seul que je cherchai à amener à l’oraison, il y eut aussi d’autres personnes (…) je leur disais comment s’y prendre pour méditer et leur donnais des livres. » (VII, 13). Or, précisément, elle exige alors des autres ce qu’elle ne fait plus elle-même. Cependant elle a bien conscience, une fois sortie des tentations des vanités mondaines, que son ouvrage peut avoir une valeur exemplaire :
« Si j’ai dit tout cela, c’est pour que l’on comprenne ma malice et l’immense bonté de Dieu (…) ; et aussi pour que si le Seigneur ordonnait et permettait à des religieuses de lire un jour cela, elles tirent la leçon de mon exemple ; et je leur demande, pour l’amour de Notre- Seigneur de fuir de telles récréations. » (VII, 9)


Don du Verbe divin

Cependant, Thérèse d’Avila va découvrir qu’il existe un au-delà du livre : « Comme je n’avais pas de maître, je lisais ces livres et, grâce à eux, j’espérais y comprendre peu à peu quelque chose ; mais ce que je compris par la suite, c’est que si le Seigneur ne m’avait instruite, je n’aurai pu apprendre grand-chose dans les livres , car ce que je comprenais n’était rien jusqu’au jour où sa Majesté me l’a fait comprendre par l’expérience (…) » (XXII, 3)
En 1559, est publié l’Index du Grand Inquisiteur D. Fernando de Valdès, qui proscrivait les ouvrages hérétiques, mais aussi les livres traduits en castillan, susceptibles d’égarer les âmes. Thérèse se trouve privée de son occupation favorite : « Lorsqu’on interdit un grand nombre de livres en castillan, j’en eus beaucoup de peine, car j’avais plaisir à en lire certains et ne pouvais plus le faire, puisqu’on ne les laissait qu’en latin ; le Seigneur me dit alors : « N’aie pas de peine ; je te donnerai un livre vivant. » (XXVI, 5) «Le Seigneur m’a témoigné tant d’amour en m’instruisant de bien des façons, que je n’ai plus guère eu besoin de livres, et même presque plus du tout. Sa Majesté a été le vrai livre où j’ai trouvé toutes les vérités. Béni soit ce livre qui imprime en nous ce qu’il faut lire et faire, d’une manière qu’on ne peut oublier ! »
L’expérience mystique se substitue à la lecture de la Vita Christi…

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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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