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Ignace de Loyola et l’aventure jésuite

Publié le : 29 Janvier 2015
Ignace de Loyola (1491-1556) fait partie avec Jean de la Croix et Thérèse d’Avila des grands mystiques espagnols qui ont contribué au renouveau spirituel et artistique de l’Eglise au moment de la Réforme. Fondateur et premier supérieur de la Compagnie de Jésus, il est l’auteur des Exercices Spirituels, outil d’aide au « discernement spirituel » et des Constitutions, cadre juridique de la Compagnie.

Ignace de Loyola est né au château de Loyola, au pays basque espagnol, en 1491. Page de cour, puis gentilhomme écuyer au service du vice-roi de Navarre, il est blessé à la jambe au siège de Pampelune en 1521 au moment où François Ier, profitant de l’éloignement de Charles-Quint, tente d’envahir la Navarre.

Statue d’Ignace de Loyola blessé, à l’entrée du Château de Loyola

Durant sa convalescence au château familial, il est conduit à la conversion par la lecture de la Vie du Christ et des saints : « Quand je pense à ce qui est du monde, je m’y complais beaucoup, mais quand je suis fatigué et que je cesse d’y penser, je me trouve aride et insatisfait ; en revanche, quand je rêve d’aller à Jérusalem nu-pieds, de ne plus manger que des herbes, de me livrer à toutes les austérités comme les saints, non seulement j’éprouve de grands élans intérieurs, quand je médite sur des pensées de ce genre, mais même après les avoir quittées, je reste satisfait et allègre. » (Récit du pèlerin, n°8)

Guéri, Inigo décide de faire un pèlerinage à Jérusalem, il quitte Loyola, fait halte à l’abbaye bénédictine de Montserrat, où il fait une confession générale, puis gagne Manrèse, en Catalogne. Il vit dans une grotte de mars 1522 à février 1523, dans la prière et l’expérience de Dieu : « Les yeux de mon esprit commencèrent à s’ouvrir. Ce n’était pas une vision, mais je compris beaucoup de choses concernant la vie spirituelle, la foi et la science, et cela en une telle illumination que toutes ces choses me parurent nouvelles. » (Récit, n° 30)

Il consigne dans un petit ouvrage, qui progressivement deviendra le livre des Exercices Spirituels, toutes ses expériences et découvertes. Il sera publié à Rome en 1548. Inigo passe l’année 1523 à Jérusalem, sur les traces de Jésus pour « mieux le connaître, imiter et suivre ». A son retour, il étudie en Espagne,  et quitte Salamanque après un interrogatoire de l’Inquisition. Il part seul à Paris : collège Montaigu en 1528, où il fait ses humanités, puis  collège Sainte-Barbe en 1529 où il rencontre Pierre Favre, savoyard, et François Xavier, navarrais.  Bachelier, licencié, il devient « Maître ès Arts » de l’Université de Paris, en  1533.

Inigo latinise alors son nom en Ignatius. Il se lie ensuite au portugais Simon Rodriguès, et à deux Espagnols, Diégo Lainez et Alphonse Salmeron, puis à Nicolas Bobadilla. Désireux de mener la vie pauvre du Christ, ces jeunes gens prient et discutent de la vie chrétienne à la Chartreuse de Vauvert, à l’emplacement actuel du Jardin du Luxembourg. Ignace leur communique par divers entretiens spirituels ce qu’il a lui-même éprouvé dans sa prière à Manrèse.

Ignace de Loyola, carmel Chemin neuf, Liège, Belgique

Ces sept amis désirent devenir prêtres, si possible à Jérusalem, sinon à Rome, où ils comptent se présenter au Pape « afin qu’il les envoie là où il jugerait que ce serait le plus favorable à la gloire de Dieu et utile aux âmes ». Ils se donnent un an pour se retrouver à Venise et s’embarquer pour la terre sainte, mais la guerre avec le Grand-Turc perturbera leurs projets.

Le 15 août 1534, jour de l’Assomption, dans la crypte des martyrs de la butte de Montmartre, ils font le voeu solennel de se consacrer entièrement au Christ, au cours d’une messe présidée par Pierre Favre qui vient d’être ordonné prêtre. Il faut encore quatre ans pour qu’Ignace et ses compagnons, qui ont tous été ordonnés prêtres, se présentent au pape Paul III en 1538. Juste auparavant, près de Rome, à La Storta, en 1537, Ignace entre dans une chapelle pour prier. Il y sent « un tel changement dans son âme et voit si clairement que Dieu le Père le met avec le Christ son Fils qu’il n’aura jamais l’audace de douter de cela, à savoir que Dieu le Père le mettait avec son Fils ».  « J’ai cru voir le Christ avec sa croix sur l’épaule et, à côté de lui, le Père éternel qui disait à son fils : « Je veux que tu prennes celui-ci pour ton serviteur. » Et Jésus m’a dit : « Je veux que tu nous serves » (Récit n°96).

Le 27 septembre 1540, Paul III signe la bulle d’approbation de la Compagnie de Jésus. Le 17 avril 1541, Ignace est élu à Rome à la charge de Préposé Général des jésuites par ses compagnons, qui font leur profession solennelle.  « Il vaut mieux pour nous que nous soyons tellement unis et liés en un seul corps qu’aucune séparation physique, pour grande qu’elle soit, ne puisse nous séparer. » Ignace donne un cadre juridique à la Compagnie de Jésus par la rédaction des Constitutions, qui soulignent l’importance de la création de Collèges d’enseignement. Plus de 6000 lettres seront retrouvées à destination de l’Europe et de l’Asie (Indes, Japon…). François-Xavier meurt à Goa, en Inde, aux portes de la Chine.

Ignace, au cours de ses missions, prêche, confesse, crée des oeuvres : maisons pour catéchumènes juifs ou mahométans, refuges pour les « femmes errantes », quêtes pour les pauvres, les prisonniers insolvables… Ignace de Loyola meurt le 31 juillet 1556, épuisé de fatigue. Il sera canonisé le 12 mars 1622 en même temps que François-Xavier et Thérèse d’Avila. Son corps repose aujourd’hui à Rome dans l’église du Gésu.

Guy François Le Puy, Thérèse d’Avila, François-Xavier, Philippe Néri, Ignace de Loyola, Isidore de Séville, aux pieds de la croix, canonisés en 1622, Le Puy-en-Velay (Haute-Loire).
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Martine Petrini-Poli

Martine Petrini-Poli, professeur de lettres (titulaire du CAPES et du Doctorat de 3ème cycle) en classes préparatoires HEC au Lycée de Chartreux et à l’Ecole des Avocats de Lyon (EDA), rédactrice à Espace prépas, Ellipses et Studyrama. Responsable de la Pastorale du Tourisme (PRTL 71).

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