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Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

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Précis sur la codification des couleurs liturgiques (2/2)

Publié le : 29 Avril 2014
Il existe également plusieurs couleurs dites subsidiaires : l’or, l’argent, le rose, le bleu et le gris cendré. Le drap d’or est autorisé en remplacement du blanc, du vert et du rouge, tandis que le drap d’argent l’est uniquement en remplacement du blanc. Bien que non liturgique, le luxe de ces derniers exprime la solennité, mais aussi le divin, la Transcendance.

La couleur rose, incluse tardivement, est portée à seulement deux occasions : le quatrième dimanche du Carême, dit de Laetare à partir du XVIIe siècle, et depuis 1901, par analogie liturgique, le troisième dimanche de l’Avent, dit de Gaudete. Cette couleur s’inspire de la bénédiction papale de la Rose d’or, impulsée au Moyen-âge et toujours en usage. La Rose d’or, bénie le quatrième dimanche du Carême, est offerte par le pape à des sanctuaires religieux1. Le rose, à l’instar du violet, manifeste un souffle de joie durant les temps de pénitence.
Le bleu a été récemment autorisé en tant que couleur mariale, pour la fête de l’Immaculée Conception, exclusivement en Espagne et en Amérique latine.

Chasuble rose [Atelier decima regio], Exposition "Ils habillent la pape" au Musée de Fourvière en 2005 ©Vincent DARGENT/CIRIC

Le gris cendré est utilisé dans le rite lyonnais durant l’Avent et le Carême, en remplacement du violet.
Toutefois, il y a un pas de la rubrique à la pratique, et si l’usage des couleurs est largement respecté, les particularités et adaptations des Églises locales ont toujours existé. Certaines pratiques marginales se sont perdues. D’autres ont subsisté, comme l’utilisation du blanc en remplacement du noir dans les pays asiatiques, pour lesquels il est le signe du deuil.

Canoniquement, les couleurs liturgiques doivent être appliquées à tous les vêtements de dessus, aux attributs épiscopaux – à l’exception de la mitre – ainsi qu’au voile de calice, à la bourse et à l’antependium.

Selon la Présentation Générale du Missel Romain, « l’emploi de couleurs diverses pour les vêtements liturgiques vise à exprimer efficacement par des moyens extérieurs ce qui caractérise les mystères de foi que l’on célèbre et, par suite, le sens d’une vie chrétienne qui progresse à travers le déroulement de l’année liturgique.2 » 

La couleur rythme l’espace et le temps, emblématise l’année liturgique. Comme le souligne Michel Pastoureau3 , l’approche de la couleur liturgique est conceptuelle, archétypale, abstraite. Ainsi, son application octroie des nuances chromatiques : le rouge, par exemple, assimile le vermillon, le carmin.

Chasuble violette et argent [Atelier Trevise 2000], Exposition "Ils habillent la pape" au Musée de Fourvière en 2005 ©Vincent DARGENT/CIRIC

À la différence du vêtement sacerdotal, dont la symbolique a posteriori relève de la construction artificielle, la fixation des couleurs et de leur association avec certains évènements de l’année liturgique puise dans un ancrage physique, cosmologique, psychologique, en accord avec les enjeux théologiques de ce que célèbrent ces couleurs : ainsi, le blanc, expression de la sphère céleste, du divin, des Vierges, renvoie aux notions de pureté, de lumière ; le noir, expression de l’au-delà, de la mort, s’assimile à la nuit, à l’état d’aveuglement ; le rouge, attribué à la Passion et aux martyrs, mais aussi à l’amour divin, est à la fois sang vital et létal ; il est aussi le feu de la Pentecôte; le vert, quant à lui, est la couleur végétale, expression de la régénérescence cyclique de la nature, temps d’espérance liturgique.

Marine Ferrero


1Ou, plus anciennement, à des princes et autres dignitaires territoriaux.
2Article 307 de la PGMR, Missel romain, Desclée-Mame, Paris, 1974, L.
3Michel Pastoureau, « Ordo colorum, notes sur la naissance des couleurs liturgiques », La Maison-Dieu, 176, 1988, p.66.

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Josiane Pagnon et Marine Ferrero

Josiane Pagnon a été Conservatrice des antiquités et objets d'art de la Manche de 1994 à 2010 en tant qu'agent du Conseil général de la Manche. Dans ce cadre, elle a publié de nombreux ouvrages sur les objets mobiliers et les ornements liturgiques. Elle est maintenant chercheur à l'Inventaire général au Conseil régional de Languedoc-Roussillon. Originaire d’Aix-en-Provence, Marine Ferrero effectue actuellement un Doctorat d’Histoire de l’Art à l’Université Libre de Bruxelles. Elle consacre ses recherches à la modernisation de l'ornement liturgique au XXe siècle. Son mémoire de Master s’intéressait au renouveau de la paramentique des années 1900 au concile Vatican II ; sa thèse se concentre aujourd’hui sur l’influence plus spécifique de l’Art déco et de l’avant-garde artistique de l’entre-deux-guerres.

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