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Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

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Tisser pour l'Eglise ; une activité récente

Publié le : 20 Juin 2014
Savez-vous que les étoffes religieuses sont des créations très récentes ?
En effet, jusqu'à la Révolution française il est rarissime de voir une iconographie catholique sur un tissage. Les symboles eucharistiques, surtout blé et raisin, commencent à apparaître dans la première moitié du XIXe siècle.

C'est avec la mise en place du tissage à disposition – dessins spécifiques en forme de croix dorsale et de bande médiane de chasuble par exemple – que le tissage pour l'Eglise inonde le marché, à partir de 1830-1840.

Auparavant, les étoffes tissées pour l'ameublement ou pour les vêtements étaient les mêmes qui servaient à confectionner un ornement liturgique. Pour appuyer ce propos, nous allons comparer une robe du Musée des Tissus de Lyon1 et un ornement jadis utilisé dans une petite paroisse de la Manche, Angoville-au-Plain2.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
Robe MT 51417.5 © Lyon, MTMAD, Sylvain Pretto

Actuellement visible au premier étage du musée, la robe est appelée robe à la française , très ajustée sur le devant, avec d'amples plis plats dans le dos. Cette coupe est apparue vers 1720. Le tissu de soie est un pékin, tissu dont les armures (mode de croisement des fils) différentes se présentent en bandes et font ici des rayures blanches de largeurs inégales sur un fond orange ; de petits bouquets blancs et de plus grands polychromes ont été réalisés au cours du tissage grâce à des broches.

 

 

 

 

 

 

 
 
 
 
 
Angoville-au-Plain. Josiane Pagnon © CG50

C'est un tissu extrêmement proche, dans la fabrication et les motifs qui a servi pour réaliser un ensemble de plusieurs pièces : chasuble, étole, manipule, voile de calice et chape. Avant d'être mis en dépôt pour sa conservation, l'ornement était dans la sacristie d'Angoville-au-Plain, qui détenait d'autres étoffes d'Ancien Régime et semble avoir échappé aux destructions révolutionnaires. Le montage est du début du XIXe siècle, avec un tissu de décor en satin vert 2 lats de liseré qui appartient à cette période transitionnelle déjà mentionnée, où épis de blé et grappes de raisin apparaissent au milieu des fleurs. Pour revenir au tissu de fond, on est frappé par sa familiarité avec le tissu de la robe de Lyon. Sur le plan liturgique, il est à supposer que l'ornement était considéré comme de couleur or. Le pékin rayé broché de fond est à petits motifs de fleur blanche et de bouquet noué par un ruban.

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

A gauche: détail d'Angoville-au-Plain, Josiane Pagnon © CG50. A droite: détail de la robe du Musée des Tissus, © Lyon, MTMAD, Sylvain Pretto.

Clairement, lorsque l'on s'intéresse à la soierie, il faut aller dans les églises, qui en conservent encore beaucoup. Beaucoup plus de soins devraient être apportés à ces vestiaires cachés.

Josiane Pagnon


1. Merci au Musée des Tissus de Lyon pour les renseignements et l'autorisation de diffusion des images.
2. cf. notice sur objet.art.manche.fr
3. Robe de même coupe décrite p. 140-141, in Sacrées Soieries, Etoffes précieuses à la Visitation. Somogy, Paris, 2012.

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Josiane Pagnon et Marine Ferrero

Josiane Pagnon a été Conservatrice des antiquités et objets d'art de la Manche de 1994 à 2010 en tant qu'agent du Conseil général de la Manche. Dans ce cadre, elle a publié de nombreux ouvrages sur les objets mobiliers et les ornements liturgiques. Elle est maintenant chercheur à l'Inventaire général au Conseil régional de Languedoc-Roussillon. Originaire d’Aix-en-Provence, Marine Ferrero effectue actuellement un Doctorat d’Histoire de l’Art à l’Université Libre de Bruxelles. Elle consacre ses recherches à la modernisation de l'ornement liturgique au XXe siècle. Son mémoire de Master s’intéressait au renouveau de la paramentique des années 1900 au concile Vatican II ; sa thèse se concentre aujourd’hui sur l’influence plus spécifique de l’Art déco et de l’avant-garde artistique de l’entre-deux-guerres.

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