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Narthex - Art Sacré, patrimoine, création.

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Le Christ de Thorvaldsen, 1819-1839

Publié le : 27 Juillet 2009
Présentation de la célèbre sculpture de Bertel Thorvaldsen dans la cathédrale de Copenhague

 

 



L’église Notre-Dame, cathédrale de Copenhague
Le diocèse de Copenhague fut créé en 1922, date à laquelle l’église Notre-Dame (Vor Frue kirke), qui se situe dans le centre ville, est devenue la cathédrale du diocèse. C’est en 1191 qu’une première église fut bâtie à cet endroit, reconstruite après plusieurs incendies en 1316 et en 1738. En 1807, le bombardement de Copenhague par les Anglais détruisit l’église. Quatre années plus tard, le roi ordonna la reconstruction de l’église Notre-Dame, dont la direction des affaires architecturales fut confiée à l’architecte C. F. Hansen (1756-1845). Ce dernier a créé, sur les ruines de la précédente, un impressionnant et massif édifice, de style néo-classique. De l’extérieur, ce choix stylistique est clair lorsque l'on regarde l’imposante colonnade qui soutient le portique à la façon d’un temple grec. La tour, dans laquelle sont disposées quatre cloches, est haute de 60 mètres et fut un point de discorde. En effet, dans les premiers plans dessinés par C. F. Hansen, suivant strictement l’exemple de l’architecture antique, l’église n’en était pas pourvue. Mais la communauté insista et l’architecte dû rajouter à ses plans un clocher de forme carrée, sur la base de celui détruit par le feu allumé par les Anglais.

 

 

L'église Notre-Dame, cathédrale de Copenhague (Vor Frue Kirke). Vue du chevet

 

A gauche : l'église Notre-Dame, la nef, vue depuis le choeur  © C. Levisse

A droite : l'église Notre-Dame, la nef, vue depuis l'entrée © C. Levisse
 

 

L’intérieur développe le même style néo-classique, inspiré de l’Antiquité et l’impression qui s’en dégage est celle d’un espace simple, mais grandiose. Le plan est sobre : on pénètre dans le narthex de l’église par le porche à l’Ouest, duquel on accède à la nef, longue de 60 mètres. Celle-ci est ouverte sur les bas-côtés par une série d’arcades et elle se termine par une abside semi-circulaire. La série de colonnes qui ponctue la galerie du premier étage ainsi que la voûte à caissons qui surplombe l’ensemble à 25 mètres de hauteur, participent à accroître la monumentalité de cet espace.

 

Bertel Thorvaldsen (1770-1844)
Le sculpteur danois est peut-être principalement connu en dehors du Danemark pour le tombeau qu’il conçut pour le pape Pie VII, dans la basilique Saint-Pierre de Rome. C’est en 1797 qu’il arriva pour la première fois dans la ville, où il passa près de quarante années et où il fut dès ses débuts remarqué et encouragé par le sculpteur Antonio Canova. A Rome, tandis que de nombreuses excavations et fouilles avaient lieu, l’antiquité gréco-romaine était le canon du beau, un canon que Joachim Winckelmann avait célébré quelques décennies auparavant, d’abord dans ses Réflexions sur l’imitation des œuvres grecques dans la peinture et la sculpture (1755), ou encore dans son Histoire de l’art de l’Antiquité (1764). C’est dans ce contexte que Thorvaldsen s’exerça en copiant les statues de l’Antiquité. A ce titre, sa sculpture Jason, réalisée en 1802-1803, est exemplaire.

 

 

Le tombeau du pape Pie VII réalisé par Bertel Thorvaldsen,

1825, Rome, Basilique Saint-Pierre, chapelle Clémentine


En 1819, Thorvaldsen revint au Danemark, et accepta de réaliser une sculpture pour l’abside de la nouvelle église Notre-Dame de Copenhague, ainsi que les douze apôtres. Ce ne fut qu’en 1839 que l’artiste, entre deux reparti pour Rome, revint pour livrer la commission achevée ; il fut alors accueilli comme un véritable héros. Lorsqu’il mourut en 1844, le service funéraire eut lieu à l’église Notre-Dame, au cours duquel l’archidiacre Tryde déclara dans son eulogie « Thorvaldsen était un grand homme, mais il lui manquait seulement une chose : la religion chrétienne »1. Néamoins, il ne semble pas que ce « défaut » de religiosité ou de croyance qui caractérisa l’artiste ait entravé la réalisation de cette commande religieuse, hautement réussie et appréciée.

 


La statue du Christ
Dès 1828, l’église Notre-Dame montrait en son chœur, visible dès l’entrée, la statue en plâtre du Christ dont la version définitive, en marbre, de 3,45 mètres de haut fut consacrée en 1839. Installé sous un fronton triangulaire soutenu par deux colonnes, le Christ est figuré dans une attitude d’humilité et de bonté, ouvrant les bras et tendant les mains à tous ceux vers qui son regard baissé est dirigé. Il est certes représenté dans la monumentalité propre à la divinité (impression qu’accroît le fond doré), mais il n’en est pas moins miséricordieux et se met à la portée des humains. L’inscription que porte le socle de la sculpture témoigne de cela : « Venez à moi » (« Kommer til mig » ; Mat. 11, 28).

Le Christ par Bertel Thorvaldsen, consacré en 1839, église Notre-Dame, cathédrale de Copenhague, H : 3, 45 m


La simplicité monumentale de la représentation sculptée et la manière dont les deux natures de Jésus-Christ sont rendues de façon égale, amènent Anne-Mette Gravgaard à faire de cette statue l’emblème de la foi protestante. Il faut également remarquer que dans l’espace défini par l’ouverture des bras et la direction de son regard, se trouve l’autel, c'est-à-dire le centre liturgique de l’église où le sacrifice du Christ est répété.


Thorvaldsen a travaillé pendant longtemps à cette commande religieuse. Il réalisa plusieurs esquisses dessinées et sculptée, mais confia la réalisation finale en marbre à l’un de ses assistants, Pietro Bienaimé. Les premières études montraient déjà le Christ vêtu d’une toge laissant apparaître son flanc percé, et levant le bras droit vers le ciel tandis que le gauche était dirigé vers la terre, dans un geste bien différent de celui que choisit finalement le sculpteur. En ce qui concerne les sources d’inspiration, elles sont floues, car Thorvaldsen n’a pas laissé de témoignage précis à ce sujet. On sait cependant qu’il admirait les œuvres de l’Antiquité classique et celles de la Renaissance italienne. Ces influences sont visibles dans le cas qui nous intéresse à travers la pureté des lignes, le drapé, mais aussi par l’emplacement donné au Christ, qui coïncide avec celui-là même attribué à la statue du dieu dans les temples grecs. D’un point de vue iconographique, il est difficile de trouver un modèle antique précis auquel le Christ renverrait ; on peut cependant penser aux représentations de philosophes, ou d’Asclépias – le dieu de la médecine – dont Thorvaldsen possédait quelques figures dans sa collection. On pourrait également amener quelques sources spécifiquement chrétiennes, puisque Rome est également la capitale de la chrétienté. Là encore, rien n’est certain, mais l’on pourrait, par exemple, penser à la mosaïque de l’église Santi Cosma e Damiano (6ème siècle) à Rome dans laquelle le Christ est figuré revêtu d’une toge, levant le bras droit vers le ciel, le geste que Thorvaldsen avait donné à ses premières esquisses du Christ. Une œuvre de Raphaël, Le Christ remettant les clés à saint Pierre (1515-1516) dont Thorvaldsen possédait une gravure, montre aussi le Christ en toge, les bras et le regard dirigés vers le bas.

Au final, l’iconographie de cette représentation du Christ est originale parce que rare, voire peut-être inconnue avant Thorvaldsen. Cette originalité iconographique fut couronnée de succès ; en effet, le Christ de Thorvaldsen a été largement reproduit au 19ème siècle et on en trouve des copies dans de nombreux endroits, en Europe et aux Etats-Unis, témoins de la réussite de l’artiste.

 

Quelques exemples de copies :

Temple Square, Salt Lake City, Utah, USA

Johns Hopkin's Hospital, Baltimore, Maryland, USA

L'église d'Oensta Gryta, diocèse de Västerås, Suède

 

 

 Ci-dessous : L'ensemble de sculptures réalisées par Thorvaldsen pour l'église Notre-Dame, il s'agit ici des reproductions possédées par le Musée Thorvaldsen à Copenhague

© C. Levisse



Le Christ dans l’ensemble sculpté de la cathédrale
La statue du Christ n’était qu’une partie de la commission reçue par Thorvaldsen. Il est aussi l’auteur du groupe des apôtres, dont les sculptures sont réparties dans la nef, le long des arcades délimitant les bas-côtés. En lieu et place de Judas, Thorvaldsen choisit de représenter saint Paul, que l’on reconnaît à l’épée qu’il tient, instrument de son martyre. De la même façon, les onze apôtres restants sont individualisés et reconnaissables à l’aide d’un attribut. De plus, Thorvaldsen fit don à l’église Notre-Dame de la statue de l’ange qui tient le fond baptismal, placée dans le chœur, en avant de l’autel et du Christ. La photo ci-dessus, prise dans le musée Thorvaldsen à Copenhague, permet de visualiser assez aisément l’ensemble de sculptures et d’affirmer l'unité  de  l'ensemble.
Enfin, le sculpteur a également conçu les frises sculptées qui ornent à l’extérieur le fronton sur le devant du porche (représentant saint Jean-Baptiste prêchant) et sous la colonnade du même porche (l’entrée à Jérusalem). A l’intérieur, sur la frise qui court en haut du mur du chevet, le sujet qui fut choisi est l’ascension vers le Golgotha.

 

 Ci-dessus : le choeur de l'église Notre-Dame, avec l'ange tenant le fond baptismal, le Christ et la frise ; sculptures et reliefs de Bertel Thorvaldsen © C. Levisse

Ci-dessous : la frise représentant l'ascension vers le Golgotha © C. Levisse

 

 

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Sources
Cet article est largement basé sur l’ouvrage d’Anne-Mette Gravgaard et Eva Henschen, On the Statue of Christ by Thorvaldsen, Copenhague, Thorvaldsens Museum & the Church of Our Lady, 1997
Le site de la cathédrale de Copenhague (Vor Frue kirke) possède également de nombreuses informations sur l’histoire de l’édifice et ses œuvres ; ainsi que des photographies détaillées, notamment des apôtres : http://www.koebenhavnsdomkirke.dk/Default.asp?page=16 [en danois]
 

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Notes

1. Propos rapportés par Anne Mette Gravgaard, in On the Statue of Christ by Thorvaldsen, Copenhague, Thorvaldsen Museum & The Church of Our Lady, 1997, p. 28

2. Anne-Mette Gravgaard, ibid., p. 55

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